C'est presque une certitude : le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, devrait annoncer, aujourd'hui, sa candidature à l'élection présidentielle des 10 et 24 août prochain, au cours d'une réunion de son Parti de la justice et du développement (AKP) à Ankara. Organisé pour la première fois au suffrage universel direct, le scrutin présidentiel lui semble promis, en dépit des critiques de plus en plus vives sur sa dérive autoritaire et « islamiste » depuis la fronde qui a secoué la Turquie en 2013. Fort de sa popularité, notamment depuis sa victoire éclatante aux élections locales du 30 mars, et ce, malgré les scandales de corruption et la contestation de son régime, l'homme fort de la Turquie est en mesure de remporter haut la main le scrutin et de battre, ainsi, le record de longévité au pouvoir de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République en 1923 ! Contraint par une règle interne de son parti de quitter la tête du gouvernement à l'issue des élections législatives de 2015, Erdogan a fait savoir ces derniers mois qu'il n'entendait pas mettre un terme à sa carrière politique, d'autant plus qu'il jouit d'un large soutien de l'opinion publique nationale. Mieux, tous les sondages le donnent vainqueur, très probablement dès le premier tour. Une enquête publiée par l'institut de sondages et d'opinions, Genar, le crédite de 55% des intentions de vote parmi les 52,6 millions d'électeurs turcs, très largement devant ses rivaux. La détermination du Premier ministre à remporter le scrutin a poussé l'actuel chef de l'Etat Abdullah Gul, issu du même parti, à renoncer à un second mandat, à l'issue d'un entretien avec Erdogan. Ainsi débarrassé d'un redoutable concurrent, le Premier ministre devrait affronter l'ex-patron de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), Ekmeleddin Ihsanoglu, qui a été porté en commun par les deux principaux partis de l'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) et le Parti de l'action nationaliste (MHP). Mais les chances de cet intellectuel de l'Islam âgé de 70 ans, loué pour sa modération, mais mal connu du grand public et surtout très peu « politique », semblent bien minces devant la machine « Erdogan ».