Le responsable de la presse et de l'information au comité fédéral de la fédération de france du FLN Ali Haroun était hier l'invité du forum d'El Moudjahid, il a évoqué ceux qui parmi les français ont aidé les militants algériens. «La publication dès 1955 du livre l'Algérie, hors la loi de Collette et Francis Jeanson a été une vraie rupture par rapport à ceux qui réduisait notre pays à trois départments français. Il a été une sorte de bréviaire pour rédiger nos déclarations, affiner nos analyses». Il a ensuite rappelé les premières manifestations d'opposition à la guerre à travers l'action de ces femmes allongées sur les rails pour empêcher le départ des convois militaires. Le rôle des syndicalistes et communistes qui à titre individuel apportaient une aide pour trouver des planques ou des faux papiers fut également important. Maître Haroun a évoqué des formes d'engagement plus frontales comme celle du réseau des prêtres et des avocats. Ces derniers ont été le lien entre les prisonniers et les responsables. «Grâce à eux nous avons pu organiser nos militants arrêtés». Les hommes de religion à l'instar de Davzies ont apporté un soutien inestimable. Certains d'entre eux sont d'ailleurs restés en Algérie. Il a enfin mis en exergue le rôle du réseau Curiel du nom d'Henri Curiel dans le transfert des fonds. L'une de manifestations de ce soutien fut également celle des intellectuels qui ont signé le fameux manifeste des 121 ou de grands intellectuels ont soutenu les jeunes français qui refusaient d'aller faire la guerre. Certaines figures étaient hautes en couleurs à l'image de Daniel qui permettait grâce à sa connaissance du réseau routier d'exfiltrer les militants ou de certaines femmes comme Hélène Cuenat, Cecile Marion et Dominique Darbois qui ont transporté des armes. M. Haroun a retracé quelques aspects de ce qu'il nomme «une véritable épopée». Certes, les Algériens de l'émigration ont financé à hauteur de 80 % le GPRA mais tout ne fut pas question d'argent. «Sans le travail de formation et de conscientisation, on n'aurait pas eu les manifestations du 17 Octobre». Il a estimé le nombre de morts jetés à la Seine et recensés par la fédération du FLN à 200 mais «il y a eu autant de disparus entre ceux qui furent renvoyés en Algérie dans des camps ou ceux dont on ignore le sort». «11 500 furent arrêtés dans une vague jamais vue et connue à Paris et qui n'a même pas le lendemain épargné les femmes et les enfants». Le cynisme a poussé les policiers à demander aux algériens s'ils savaient nager. «S'ils disent oui, on leur ligotaient d'abord les mains». En France, le FLN a perdu durant la guerre quelques 9500 morts entre condamnés à mort exécutés, et combattants morts sur le terrain.