L'Etat, qui a consenti d'énormes investissements en matière de réalisation de barrages, voit ces derniers de plus en plus menacés par le phénomène d'envasement qui prend de l'ampleur. L'Algérie perd annuellement 20 millions de mètres cubes consécutivement au dépôt de sédiments dans les retenues. Actuellement, 15 d'entre elles sur les 72 existantes sont envasées. Au niveau de l'Agence nationale des barrages et des transferts (ANBT), on ne le cache plus. « Il y a eu déjà du retard pour prendre en charge ce problème », reconnaît son directeur général, Abbas Saïd. Pour lui, il n'est est pas question de prolonger cette situation. « L'Algérie a consenti d'énormes investissements pour la construction de barrages. Et nous allons en construire d'autres. Maintenant, nous devons les entretenir périodiquement », dit-il. Selon lui, il ne faut surtout pas compter uniquement sur le reboisement. « Il y aura toujours un envasement naturel. Il faudra à l'avenir des opérations de dévasement permanentes », note-t-il. Lors d'une rencontre internationale à M'sila consacrée à ce phénomène les 23 et 24 juin dernier, spécialistes et experts se sont mis d'accord sur le fait que le problème de l'envasement des barrages ne pourra trouver de solution efficace que s'il est abordé de façon coordonnée et concertée entre les différents secteurs, avec la participation active de la population. Les séminaristes ont longuement débattu de l'importance de la sensibilisation dans les écoles pour améliorer le comportement des générations futures en matière de protection de l'environnement. De même que l'implication des agriculteurs, appelés à réaliser avec, éventuellement, le soutien de l'Etat, des travaux d'intérêt général (reboisement, construction de petites structures de soutènement), pourra apporter des résultats économiquement intéressants, a-t-on considéré. La première société s'appelle Hydroplus (France). Elle propose des solutions « innovantes » qui permettront d'augmenter « facilement » la capacité des barrages. « Nous avons fait trois projets, dont celui d'El Aagram. Nous avons une solution innovante pour récupérer la capacité perdue du barrage à cause de l'envasement », indique Del Rey, son représentant. Autre société : General Petroleum. « Nous proposons des solutions pour contrôler l'érosion de la terre qui participe à l'envasement des barrages, car les terres perdues lors de l'érosion se retrouvent au fond des barrages », a souligné son représentant, Yazid Yachir. Cette solution est une technique inventée aux Etats-Unis il y a une quarantaine d'années. Elle consiste en l'ensemencement hydraulique à travers l'utilisation d'intrants pour fixer les semences sur les talus ou sur les terres sujettes à l'érosion. Les intrants sont constitués principalement de pailles de bois fin en plus des tiges de coton qui permettent de préserver l'eau pour la mettre à la disposition de la semence. Et pour fixer ces intrants, il y a le colmatage. Une solution naturelle bio-dégradable à 100% avec des résultats rapides. L'envasement est un phénomène naturel qui touche généralement des pays au climat semi-aride comme l'Algérie. Les spécialistes sont unanimes à dire que c'est est un problème compliqué. La solution la plus adaptée est le recours aux opérations de dragage. Mais une fois la vase extraite, se pose le problème de son stockage. Del Rey, expert de l'entreprise Hydroplus, confirme que la pratique pose un problème environnemental. « C'est pourquoi, dit-il, notre système ne prévoit pas d'enlever la vase. Nous augmentons à nouveau la capacité sans impacter le barrage », explique-t-il. Mais pour le DG de l'ANBT, Abbas Saïd, la vase retirée peut servir aux unités de briqueterie. Néanmoins, il affirme que même dans le cas d'un stockage, les différentes analyses dans ce sens ont montré qu'il n'y a aucun risque sur l'environnement. « La vase est rejetée dans des bassins construits à cet effet », ajoute-t-il.