Des bacs débordant d'immondices, des trottoirs crasseux et des odeurs pestilentielles agressant les passants font partie, désormais, du décor. Voilà l'image qu'offre Alger à ses habitants et aux gens de passage. La lancinante question de l'hygiène du milieu ne cesse de refaire surface. Durant ce mois de Ramadhan, qui coïncide avec la saison des grandes chaleurs, se pose, encore une fois, le problème de la propreté de nos villes. La quantité d'immondices a presque doublé en ce mois béni, marqué par une forte consommation. Un tour effectué, hier, dans quelques quartiers d'Alger, permet de voir les efforts vains des pouvoirs publics pour éradiquer la saleté dans la capitale qui n'est plus Alger la Blanche. Des ordures au seuil des immeubles Dans la circonscription de Bab El Oued, le ramassage des ordures se fait ces derniers jours de manière irrégulière. Dans certaines rues, les bacs à ordures sont vidés et soigneusement rangés, alors que dans d'autres, l'insalubrité bat son plein. C'est le cas à la rue Achouche-Mustapha (ex-Nelson) où des immondices sont entreposées à l'entrée des bâtiments et à proximité des bacs. Au moment de notre passage, la montre affichait 11h. Un habitant de l'avenue Colonel-Lotfi dépose sur le trottoir un sac d'ordures, en toute impunité. Le manque de civisme, le non-respect des horaires de sortie des ordures et leur dépôt anarchique compliquent la tâche aux éboueurs. Même constat au boulevard Saïd-Touati où quelques sachets dégoulinants de liquides gras sont entreposés anarchiquement sur les trottoirs. Décor similaire à la rue Saâdaoui-Mohamed-Seghir où à proximité du siège de la commune, les bacs d'immondices pleins à craquer dégagent des odeurs nauséabondes. Dans les autres quartiers d'Alger, la situation n'est pas meilleure. A Bachdjarah, avec le retour en force des vendeurs informels, l'amoncellement des immondices ne fait que dégrader un cadre de vie déjà loin des normes requises. Les espaces publics sont envahis de gobelets et de bouteilles d'eau vides. Au quartier Doum, une décharge à ciel ouvert Au quartier Doum, dans la commune de Bordj El Kiffan, c'est une véritable décharge à ciel ouvert qu'on trouve à l'entrée du lotissement. Auparavant, les habitants de ce quartier, constitué de maisons individuelles, déposaient leurs immondices dans les bacs d'une cité voisine. Chose à laquelle se sont opposés les résidants de cette cité car le nombre de bacs est insuffisant. Depuis, les ordures s'amoncellent à l'entrée du quartier. Auparavant, Extranet, entreprise créée pour suppléer Netcom au niveau de certaines communes d'Alger, se chargeait de ramasser les ordures, mais depuis plus d'une dizaine de jours, elle brille par son absence. La situation est telle que le déplacement des piétons est un véritable supplice. Cette insalubrité contribue à la prolifération d'insectes et de rats qui véhiculent des pathologies graves, notamment respiratoires, et les allergies. Les explications de Netcom Netcom a mis en place un programme spécial Ramadhan pour faire face à l'augmentation des détritus qui avoisine les 30%. Le nombre de rotations de ramassage est renforcé, le balayage et le lavage notamment des alentours des mosquées, des marchés et des espaces publics sont opérés. Nassima Yacoubi, chef du département technique et environnement à Netcom, affirme que « le nombre de tournées des camions de ramassage des ordures a doublé, passant de 2 à 4 ». Idem pour la collecte au niveau des marchés et le balayage qui connaissent une modernisation avec l'acquisition d'appareils spécifiques comme l'aspirateur utilisé principalement près des mosquées. L'opération lavage a été aussi renforcée. La propreté de nos rues est un défi que Netcom aspire à relever dans de meilleures conditions. A ce titre, « un renforcement de la flotte a été opéré récemment avec l'achat de 10 camions-tracteurs et 20 remorques de 20 m3 pour relayer les camions de ramassage et réduire le temps de voyage des camions vers les centres d'enfouissement technique de Hamici et Corso », expliquera Mlle Yacoubi. Cette dernière nous affirmera que « 450 bacs métalliques ont été installés ». « C'est la nature de nos déchets qui rend la tâche plus ardue, d'abord avec la persistance des émanations putrides », fait-elle savoir. Selon elle, Netcom n'est pas responsable de la situation. « Le non-respect des horaires de sortie des ordures ménagères et le lavage des bacs sont les principales causes de cette subite dégradation », selon notre interlocutrice.