« L'alternative aux pourparlers, pour les deux camps en guerre au Soudan du Sud, - le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar - c'est de s'enfoncer à nouveau dans la violence, donc nous devons les encourager à continuer de négocier », déclare l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, chef de la commission d'enquête de l'Union africaine sur les atrocités commises au Soudan du Sud. « Ils doivent comprendre que le monde les regarde, que le monde ne va pas les attendre indéfiniment », dit-il car « tout peut arriver, il peut y avoir une explosion (de violence) et cette explosion peut entraîner une réaction en chaîne ». Et d'indiquer que deux charniers ont té découverts au Soudan du Sud. Des informations recueillies par la commission font état de l'existence d'autres charniers situés près des villes pétrolifères de Bentiu (nord-est) et Bor (est), dévastées par les combats, comme quasiment toutes les villes du pays, de milliers, voire des dizaines de milliers de morts et de 1,5 million de civils chassés de chez eux par les combats depuis le début du conflit, le 15 décembre. Comme la mortalité due aux maladies et à la malnutrition a dépassé la cote d'alerte et le flot de déplacés ne tarit pas, les organisations humanitaires multiplient elles aussi les appels de détresse. La famine, disent-elles, menace des millions de personnes à court terme si des fonds ne sont pas débloqués par la communauté internationale. En vain. Le pays continue à glisser vers la famine. Des Sud-Soudanais commencent à mourir de faim. Les pourparlers de paix, qui se déroulent dans de luxueux hôtels de la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, n'ont fait quasiment aucun progrès. Ils ont été suspendus jusqu'à nouvel ordre le mois dernier, les deux camps refusant de revenir s'asseoir à la même table. L'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), organisation est-africaine assurant la médiation, avait donné aux deux camps jusqu'au 11 août pour former un gouvernement provisoire d'union, délai qui ne sera vraisemblablement pas respecté. Dire que ce dernier-né dans le concert des nations fêtera aujourd'hui le troisième anniversaire de l'indépendance, soutenue à coup de milliards de dollars par les Etats-Unis.