La décision du ministère a été accueillie favorablement par les syndicats du secteur. Toutefois, pour la plupart d'entre eux, laisser une partie de l'outil pédagogique dans un casier ne peut constituer la solution. Pour Sadek Dziri, SG de l'Union nationale des enseignants et des professeurs du fondamental (UNPEF), cette éventualité empêcherait l'enfant de faire ses révisions et ses devoirs à la maison. A cet effet, le syndicaliste propose de pourvoir les élèves en deux exemplaires de chaque livre scolaire afin qu'ils n'aient pas à transporter quotidiennement un cartable de plus de 15 kilos. «Bien entendu, c'est l'Etat qui prendra en charge les frais de cette opération», précise M. Dziri. Pour Abdelkrim Boudjenah, secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de l'Education (SNTE), la solution est toute autre. Il faut absolument retourner à l'emploi du temps d'antan quand l'élève n'avait que deux heures de cours le matin et deux heures l'après- midi. «Avec un programme surchargé et un cartable qui pèse plus de 15 kilos, l'enfant n'assimile aucune leçon et s'en sort avec une déformation de la colonne vertébrale», estime-t-il. Selon lui, la tutelle devrait mener une étude sérieuse sur l'allégement des programmes scolaires pour soulager les écoliers du poids du cartable. Exemple : «les leçons sur l'environnement et l'éducation civique ne nécessitent ni livres, ni cahiers», affirme-t-il. La lourdeur du cartable est également décriée par les médecins. Ils sont unanimes à reconnaître que l'enfant ayant transporté plus de 15 kg sur son dos s'en sort, plus tard, avec des lésions des vertèbres. Le Dr Djamel Eddine Oulmane, président de l'association «Prévention par l'image» est formel. «Tous les scientifiques sont clairs au sujet du poids du cartable qui ne doit pas dépasser les 10% du poids de l'enfant», rappelle-t-il. Ainsi, un enfant qui pèse 40 kg ne doit pas porter un poids de plus de 4 kilogrammes. Sinon, à la longue, cet enfant développe de micro lésions de la colonne vertébrale. Cela se traduit par le tassement des vertèbres du fait que l'os n'est pas ossifié à 100%. «A cet effet, l'Education nationale doit faire un sérieux effort de prévention en allégeant dans un premier temps les programmes», a-t-il conclu. Qu'en pensent les parents ? Pour Mme Safia D., en attendant l'installation des casiers au niveau des établissements scolaires, «les responsables du secteur devraient songer à répartir l'enseignement des matières pour ne pas encombrer les élèves», suggère-t-elle. Autrement dit, il faut, par exemple, programmer le cours histoire-géographie le même jour que la musique, le sport et le dessin. Pour Malik, père d'un enfant en deuxième année du primaire, «le cartable est lourd même pour un adulte». Le papa a suggéré à son fils de ne prendre que les affaires dont il a besoin. Mais son enfant lui a signalé que l'enseignant ne suivait pas à la lettre l'emploi du temps. Il y a des jours où deux à trois matières sont dispensées et d'autres jours, une seule.