Le Général Sekouba Konaté, le président par intérim et Jean-Marie Doré, le Premier ministre, qui sont accusés de saboter le processus électoral, ont levé mardi soir la dernière zone d'ombre. Ils ont désigné le représentant de l'Organisation internationale de la Francophonie dans le processus électoral en Guinée, le général malien Siaka Toumany Sangaré, au poste de président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Louncény Camara qui a élu à la tête de la CENI, le 21 septembre 2010, par 17 des 22 membres, ne perd pas prise pour autant. Accusé par Cellou Dalein d'être à la solde d'Alpha Condé, il est nommé vice-président du président de la CENI aux côtés de Aminata Mane Camara, une proche de Diallo. Les deux candidats qui ont promis de former un gouvernement d'union après l'élection « quel que soit le vainqueur» laissent entendre avant de repartir en campagne électorale qu'ils ne souhaitent pas un remake des échauffourées qui ont fait malgré la mise en garde lancée par le Premier ministre et le patron de la gendarmerie nationale, Ibrahima Baldé, 2 morts et 29 blessés (dont 13 adolescents et 3 jeunes filles) à Conakry, mardi. Ils applaudissent la nomination du Malien. Amadou Oury Bâ, le vice-président de l'UFDG qui a menacé de paralyser le pays et d'empêcher la tenue du scrutin si Camara est maintenu à la tête de la CENI, parle de «victoire» et de «bon signe». «Nous sommes prêts pour le vote de dimanche», dit-il convaincu que l'autorité de transition ne pourra pas leur voler la victoire de leur candidat. L'ancien Premier ministre François Lonsény Fall, un des leaders de l'Alliance arc-en-ciel qui soutient Alpha Condé, accueille lui aussi favorablement cette « solution de compromis » pour éloigner la Guinée d'une crise qui pourrait l'inscrire dans le Record Guinness avec son inédit entre-deux tours. Le président Blaise Compaoré et Saïd Djinnit qui ont promis, le premier en tant en tant que médiateur et le second en tant que représentant de l'ONU en Afrique de l'Ouest, de «tout mettre en œuvre pour désamorcer la crise» pourraient se rendre à Conakry pour convaincre toutes les parties d'aller vers des «élections dans des conditions pacifiques» et de respecter le prochain délai du scrutin. Prévu initialement le 18 juillet, le deuxième tour a été reporté la première fois au 19 septembre puis au 24 octobre pour permettre à la CENI d'assurer une meilleure préparation du vote dans ce pays pauvre, ethniquement divisé et situé au cœur d'une région instable. Comme en Côte d'Ivoire où la population attend depuis 2005 des élections présidentielles à chaque fois renvoyées.