Les visages livides, ils sont allongés au niveau de l'esplanade de la centrale syndicale à Alger. C'est la seule voie qui leur reste pour attirer l'attention des pouvoirs publics. Ils ne désespèrent pas de recouvrer leurs « droits perdus » et attendent un éventuel dénouement à leur problème qui n'a que trop duré. En fait, ils sont 269 employés ayant été compressés en septembre 1998 pour raison économique, mais sans pour autant bénéficier des droits que leur octroie la loi. Car le volet social n'a pas été conforme aux dispositions de la loi 90-11 régissant les relations de travail et notamment le décret 94-09-11 relatif à la compression du personnel et la protection des travailleurs susceptibles de travailler, d'après l'un des grévistes. L'article 22 de ce décret stipule que le salaire doit être versé à la CNAC (Caisse nationale de chômage) dans les deux mois qui suivent la compression, or, « l'employeur n'a pas fait les démarches nécessaires auprès de la CNAC, en temps opportun, avant d'entamer la compression de l'effectif, il en a ainsi découlé que 89 employés n'ont pas pu intégrer la CNAC pour non réception de notifications d'admission, dont 35 autres dossiers ont été rejetés par cette caisse pour non versement des cotisations par l'employeur auprès des caisses, soit 124 dossiers rejetés sur les 269 », a indiqué M Bellkhdar Amar, chef de département, et l'un des grévistes. Le dépôt des dossiers n'a été fait que le 05 décembre 1998, soit 4 mois après. Le 27 avril 1999, les premiers versements pour l'ensemble des employés compressés ont été faits et se sont étalés jusqu'à 2000. En 2006, après une grève de 32 jours enclenchée par les travailleurs compressés sur l'esplanade de l'UGTA, ils ont pu être réintégrés le 03 mars 2007. Quelques années plus tard, en octobre 2011, ils obtiendront également l'engagement de la direction de l'ETUSA conformément à un accord signé avec la Fédération des travailleurs du secteur des transports, de verser les cotisations à la CNR (Caisse nationale de retraite) pour les années de compression, à savoir 9 ans. Cet engagement consigné dans un procès-verbal n'a jusqu'à présent pas été appliqué. « En 2011, nous avons entamé une autre grève pour le paiement des cotisations à la CNR, pour être indemnisés. Cette grève a été clôturée par la signature d'un procès verbal entre la FNTT (Fédération nationale des travailleurs de transport), le syndicat d'entreprise et la direction générale. Nous avons pu restituer à l'entreprise 956 millions de centimes, et malgré cela nous n'avons pas été indemnisés », explique M. Bellkhdar Amar. Le 25 août 2014, un autre P.V entre les mêmes parties a été signé. Il stipule, selon notre interlocuteur, que tout agent gréviste qui part en retraite on lui octroie deux catégories avec effet rétroactif de une à deux années. C'est pour cette raison que ces six travailleurs ont décidé de faire une grève de la faim. « J'ai 50 ans et je ne veux pas partir en retraite, pourquoi veulent-ils nous pousser à partir ? », s'interroge M. Bellakhdar. D'autre part, il affirme que « les contributions d'ouverture des droits ont été versés aux travailleurs sans aucun document administratif, et à d'autres qui n'ouvrent pas droit ». Nous avons essayé de contacter la direction générale de l'ETUSA pour de plus amples informations concernant ce différend, mais nos tentatives se sont avérées vaines. Un responsable de l'ETUSA, sous le sceau de l'anonymat, nous a assuré que « les grévistes ont obtenu tous leurs droits. »