L'Algérie célèbre aujourd'hui le 54e anniversaire des manifestations du 11 décembre 1960. Des évènements qui ont changé le cours de la guerre de Libération nationale et ont permis l'internationalisation de cette cause. Invité, hier, à animer une conférence-débat à l'Ecole de police Ali-Tounsi de Châteauneuf, le docteur Bachir Madini, enseignant d'histoire à l'Université d'Alger 2, est revenu sur le contexte qui a donné lieu à cette effervescence dans les milieux populaires. Il a tenu à apporter des précisions concernant l'enclenchement de cette manifestation. Elle n'était en fait que la résultante du triptyque du général De Gaulle, qui a adopté toutes les stratégies de destruction, de terre brûlée, de massacres collectifs pour faire plier les Algériens. « Les massacres les plus ignobles que l'humanité a eu à connaître ont été perpétrés en Algérie par l'armée française », a affirmé le conférencier, ajoutant que les manifestations organisées initialement dans l'Oranie ont gagné plusieurs villes du pays. Selon certaines sources, les manifestations du 11 décembre 1960 à Alger auraient fait 800 martyrs, dont des centaines d'enfants, 1.100 blessés et 1.400 prisonniers, alors que les archives françaises n'évoquent que quelque 123 morts. Le docteur Madini a souligné que ces manifestations ont brouillé toutes les cartes de l'administration française. Elles ont aussi divisé l'opinion publique française, d'autant que la guerre d'Algérie coûtait à l'administration de De Gaulle 3 milliards de centimes par jour. Pour la partie algérienne, ces manifestations n'ont fait que renforcer la cohésion entre le peuple algérien et le GPRA. « L'impact des manifestations a mis la France dans l'obligation de revoir sa politique en Algérie après 132 années de colonisation », a précisé l'historien.