Le premier communiqué de la Banque faisant état du retrait de la circulation des billets de banque de 100 DA (1981-1982) ainsi que les billets de 20 et 10 DA émis en 1983, en sus des 200 DA (grand format), s'est ancré dans les esprits des uns et des autres, créant une véritable ambiguïté dans les relations commerciales. Même la société du métro d'Alger s'est mise de la partie et a annoncé à ses clients, par le biais d'affichage, son refus des billets de 200 et 100 DA. Les raisons invoquées par les commerçants rencontrés, hier, sur la place d'Alger sont multiples et diverses. Le gérant d'un fast-food refuse ces billets car « mes clients n'en veulent pas au moment où je leur rends la monnaie. J'ai eu même une altercation avec une cliente qui a repoussé le billet de 200 DA en petit format. Alors je ne vois pas pourquoi devrais-je les accepter », dira-t-il. Pour un gérant d'une boutique de parfums et de cosmétiques, son souci réside dans « l'impossibilité d'aller à chaque fois à la banque faire la queue et attendre pour les échanger. Je ne peux garder cet argent de côté, l'amasser pour l'échanger en une seule fois. Cet argent sert à faire tourner mon commerce et donc je suis dans l'obligation de l'injecter à chaque fois », a-t-il expliqué. Présent, un client a exprimé son courroux quant au refus des commerçants d'accepter les billets de banque concernés par le retrait. « Je voulais recharger le crédit de mon portable, on me l'a refusé. Idem lorsque je voulais acheter une bouteille d'eau. On ne sait plus à quel saint se vouer. Pourtant les autorités bancaires sont claires, ces billets peuvent être échangés jusqu'au 31 décembre 2024 », a-t-il ajouté. Un marchand de fruits au niveau du marché Amar El Kama a pour sa part « décidé de continuer, à contre cœur, je l'avoue, d'accepter les billets de 200 DA aussi bien le petit que le grand format pour ne pas pénaliser les clients qui eux refusent de les recevoir de crainte de ne plus les écouler ailleurs chez d'autres commerçants ». Un négociant de la rue Abane Ramdane avoue recevoir les billets de 200 DA puisque « la Banque d'Algérie continuera à les échanger sur une période de 10 ans. Ma présence à proximité d'une banque m'a peut-être rassuré, mais un travail de sensibilisation doit se faire au profit des clients qui refusent les billets ». Joignant le geste à la parole, il nous montre une liasse de billets de 200 DA prête à être échangée en monnaie. Pour le secrétaire général de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Salah Souilah, « la première information faisant état du retrait définitif des billets au 31 décembre 2014 a dérouté aussi bien les commerçants que les citoyens. Donc face au communiqué de la Banque d'Algérie, annonçant la prorogation du délai au 31 décembre 2024, qui, d'ailleurs, est venue tard et peu médiatisée, n'a pas eu l'effet escompté. Mais les commerçants prenant acte de cette disposition sont de plus en plus nombreux à accepter les billets ». Notre interlocuteur a appelé à la sensibilisation des négociants et des clients pour mettre fin à cette cacophonie. Il faut savoir que la Banque d'Algérie a pris toutes les mesures nécessaires pour assurer le meilleur déroulement de l'opération, avec la mise en place d'un guichet dans chaque agence bancaire, réservé exclusivement pour échanger les anciens billets de 200 DA. Ces derniers seront remplacés par de nouveaux billets et des pièces de la même valeur.