Le temps est compté. Face au Daech menaçant et le risque redouté de fusion avec les milices locales, l'urgence d'une solution politique aux antipodes « des aventures et encore moins de croisades » est préconisée par le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, pressant, hier, le Conseil de sécurité de « redoubler les efforts pour favoriser le dialogue politique ». A la demande de l'Egypte, revendiquant également la levée de l'embargo sur les armes imposé aux autorités reconnues par la communauté internationale, la proposition d'une résolution appelant à une intervention internationale est sur la table du Conseil de sécurité. Six pays, Etats-Unis, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie et Espagne, sont contre. Dans une déclaration rendue publique à Rome, ils ont appelé à la formation d'un gouvernement d'union nationale. « L'urgence d'une solution politique du conflit » est soulignée par les 6 grandes puissances mettant en exergue le fait que « le terrorisme frappe tous les Libyens » et qu'« aucune faction ne peut affronter seule les défis auxquels le pays est appelé à faire face ». Le verdict est sans appel. « Quatre ans après la révolution, il ne sera pas permis à qui tente d'empêcher le processus politique et la transition démocratique de la Libye de condamner le pays au chaos et à l'extrémisme », indique encore la déclaration commune. La formation d'un gouvernement d'unité nationale est « le meilleur espoir pour les Libyens », précisent ces six pays. L'Egypte est ainsi confrontée aux réticences onusiennes et occidentales. Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Libye, Bernardino Leon a convoqué justement les parties libyennes à une série de réunions dans les prochains jours. Les experts sont aussi réticents. Selon Claudia Gazzini d'International Crisis Group, « une opération de maintien de la paix est difficile s'il n'y a pas au moins un accord de paix » au préalable. Luis Martinez, du Centre d'études et de recherches internationales (CERI), estime qu'il faut retenir les leçons de l'opération internationale lancée par Paris et Londres puis dirigée par l'Otan, qui avait pris fin après la mort de Mouammar Kadhafi en octobre 2011. « Si l'opération se résume à simplement bombarder par les airs (...) elle ne fera que radicaliser la population », en raison notamment « des dégâts collatéraux et des victimes civiles qu'une telle opération engendrerait », explique-t-il.