La criminalité organisée, particulièrement le trafic de stupéfiants, « reste la menace principale sur la sécurité nationale », a affirmé, hier, le directeur de la sécurité publique du commandement de la Gendarmerie nationale, le général Mohamed Tahar Benaâmane. Cette menace est attestée par la tendance haussière des saisies opérées ces dernières années et la connexion avérée des narcotrafiquants avec les organisations terroristes implantées au Sahel et dans le sud-ouest de la Libye. Le haut responsable a souligné, lors d'un point de presse, que la situation interne du pays et le contexte international « appellent à la mobilisation et la multiplication des actions de communication et de sensibilisation ainsi que le rapprochement avec la population ». Il a affirmé que l'Algérie se trouve dans une « région explosive » notamment avec ce qui se passe au Mali, en Libye, au Niger et en Tunisie. « On a informé les chefs des groupements de la GN sur ces menaces à travers l'analyses des évènements. Notre objectif est d'aller vers la sécurité intelligente et allier l'effectif aux moyens technologiques modernes et anticiper le phénomène criminel », a-t-il précisé. A l'occasion, le responsable de la communication de la GN, le lieutenant-colonel Abdelhamid Kerroud, a annoncé la mise en place incessamment de sections de sécurité et d'intervention (SSI) dédiées exclusivement à la sécurité des frontières notamment du Sud. « Ce sont des sections spéciales formées dans la lutte contre le crime organisé notamment le terrorisme et le narcotrafic », a-t-précisé, ajoutant que son institution a décidé également la création de brigades de recherches au niveau des postes frontaliers. 97% des saisies de drogue sont opérées dans les villes frontalières Et pour cause, les plus grandes saisies de drogue ont été opérées, durant l'année 2014, par les différents services de la GN à travers 12 wilayas de l'Ouest, du Sud et du Sud-Est, a précisé le chef de la division de la police judiciaire, le lieutenant-colonel Abdelkader Rouba. Lors de la présentation du bilan annuel des activités des unités de la GN, l'officier supérieur a fait état de la saisie de plus de 107 tonnes de kif traité en provenance du Maroc dont près de 45 tonnes au niveau des frontières. En outre, 97% des grandes opérations de lutte contre le narcotrafic ont été menées à Tlemcen, Béchar, Tindouf et Naâma au Sud-Ouest, des wilayas frontalières avec le Maroc d'où provient la drogue avant d'être acheminées vers le Nord ou l'Est, ce qui explique la saisie d'importantes quantités à Tiaret, Relizane, Sidi Bel-Abbès et Mascara. Ces quantités ne sont pas destinées à la consommation locale, selon les enquêtes de la GN, mais à l'exportation vers la Libye et le Moyen-Orient, ce qui explique l'interception des convois à Ouargla, Laghouat, El Oued et Adrar. Les narcotrafiquants ont tenté d'exploiter la situation dans certaines villes du sud du pays (Ghardaïa, Ouargla, In Salah) et la mobilisation des services de sécurité pour acheminer des tonnes de drogue vers les frontières Est et Sud-Est. Selon le bilan, les unités de la GN ont traité 3.602 affaires liées au trafic de drogue et de psychotropes représentant 19,95% de la criminalité organisée. Malgré une baisse de 7,09% par rapport à l'année 2013, le trafic de drogue, a pris selon le rapport de la GN, les contours d'une « menace très sérieuse sur la sécurité nationale », avec ces quantités vertigineuses de kif traité saisies ces derniers temps dans pratiquement toutes les régions du pays. L'année 2014 a été marquée par la saisie de 410.028 comprimés psychotropes et l'arrestation de 5.898 personnes dont 80,73% de consommateurs et 19,27% de dealers. Toutefois, la gendarmerie affirme que la criminalité reste maîtrisable. « Le contexte criminogène dans notre pays demeure caractérisé essentiellement par une délinquance et une criminalité de basse intensité, concentrées dans les agglomérations à forte densité de population », selon les criminologues de l'Institut national de criminologie et de criminalistique. En chiffres, près de 94.000 affaires de droit commun ont été traitées l'année dernière dont près de 4.500 crimes ayant conduit à l'arrestation de 96.000 personnes dont 79,75% âgées entre 18 et 40 ans ayant un niveau d'instruction moyen et 2,85% de mineurs et 2.593 femmes. La carte criminelle établie par la GN a fait ressortir que les wilayas d'Alger, Chlef, Sétif, Tipaza, Oran, Mila, Blida, Batna et Médéa ont enregistré le taux le plus élevé des affaires criminelles. Des brigades cynophiles pour lutter contre le trafic de carburant Le trafic du carburant se « déploie » toujours au niveau des villes frontalières à destination des pays voisins. Durant l'année 2014, les unités de la GN ont saisi plus de 2 millions de litres. « Afin d'y faire face, la GN vise la formation de nouvelles équipes cynophiles. Il s'agit de chiens détecteurs de dépôt de carburant et de caches notamment au niveau de la bande frontalière », a fait savoir le lieutenant-colonel Kerroud.