Abdel Fattah al-Sissi, le président égyptien, qui a doté récemment son armée d'avion Rafales, prône la formation d'une coalition régionale pour combattre Daech. C'est dans cette perspective qu'il demande aux Etats-Unis de renforcer son armée et qu'il s'apprête à s'entretenir jeudi prochain à Charm el-Cheikh, avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry. « Il est très important pour les Etats-Unis de comprendre que nos besoins en matière d'armement et de matériel sont critiques, plus encore au moment où les Egyptiens ont le sentiment de combattre le terrorisme et aimeraient sentir les Etats-Unis à leurs côtés dans ce combat », déclare Abdel Fattah al-Sissi, dans un entretien à la chaîne Fox News. Et d'ajouter : « La région est confrontée à une situation très rude. L'opinion publique souhaite une réaction vigoureuse des grandes puissances, des pays qui sont en mesure de fournir une aide. » Selon le département d'Etat, John Kerry rencontra, outre le président Sissi, d'autres responsables pour « discuter » avec eux « d'une série de sujets, dont les efforts de la coalition contre Daech, la situation en Libye et la crise en Syrie ». « Les Etats-Unis sont engagés dans le renforcement du partenariat stratégique et économique à long terme avec l'Egypte », rappelle Jennifer Psaki, la porte-parole de la diplomatie américaine. A Al-Arish, chef-lieu de la province du Nord-Sinaï, un kamikaze au volant d'un camion-citerne à eau contenant des explosifs a foncé vers le portail d'un complexe de la police. Outre le kamikaze, un civil a péri, deux ont été blessés selon le ministère de l'Intérieur. Quelques heures après, un capitaine de l'armée a péri dans un attentat au sud d'Al-Arish. Dimanche, trois militaires ont péri dans un attentat perpétré par Ansar Beït al-Maqdess, la branche égyptienne de Daech qui assure agir pour venger les 1.400 manifestants islamistes tués par les policiers et soldats depuis la destitution du président Morsi. Selon des experts, ces petits attentats et ceux perpétrés régulièrement au Caire et à Alexandrie viseraient surtout à créer un sentiment d'insécurité dans l'esprit des investisseurs étrangers et à aggraver davantage le chaos économique actuel. Abdallah II veut une paix entre Israël et les Palestiniens De son côté, le roi Abdallah II de Jordanie, qui est sur le terrain en Irak et en Syrie où il « participe » avec ses troupes à la coalition internationale, attend autre chose des Américains et des Occidentaux : il veut la réanimation du processus de paix israélo-palestinien qui est à l'agonie. Son échec, dit-il dans un discours devant le Parlement européen, à Strasbourg, fournit un cri de ralliement pour les extrémistes afin de recruter des combattants étrangers en Europe. « Comment pouvons-nous mener la bataille idéologique si nous n'ouvrons pas la voie de la paix entre Israël et les Palestiniens ? », insiste-t-il, avant d'appeler l'Europe à la rescousse pour « donner l'élan ». « Le processus de paix est au point mort, avec plus de colonies israéliennes et moins de respect pour les Palestiniens occupés », dit-il, estimant que cet échec envoie un message dangereux. « Il érode la confiance dans la loi et la communauté internationale. Il ébranle un pilier de la paix mondiale : le fait que les conflits doivent être résolus par des moyens politiques, pas par la force, pas par la violence. Et cela a offert aux extrémistes un puissant cri de ralliement. Ils exploitent les injustices et ce conflit persistant pour bâtir une légitimité et recruter des combattants étrangers à travers l'Europe et le monde », explique Abdallah II. « La Jordanie et les autres pays arabes et musulmans défendent non seulement leur peuple mais leur foi », rappelle-t-il convaincu que « ce combat doit être mené d'abord et avant tout par les nations musulmanes et au sein même de l'Islam » et par les Occidentaux ensuite en aidant à « aider à endiguer la montée de l'islamophobie, un poison (...) qui sert les intérêts des extrémistes ».