'Espagne, qui siège cette année à la tête du Conseil de sécurité des Nations unies, a mis en garde jeudi contre une intervention éventuelle de l'Otan en Libye sans mandat de l'ONU. « Toute intervention de l'Otan en Libye, un type d'intervention qu'il est prématuré d'envisager à ce stade, exigerait (...) une résolution du Conseil de sécurité », a déclaré le chef de la diplomatie espagnole, Jose Manuel Garcia-Margallo, à la suite d'une rencontre avec le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, avec lequel il s'est entretenu de la sécurité régionale. « Il appartiendra à l'Alliance de prendre la décision la plus convenable en vue d'obtenir la stabilité de la Libye, qui est une question urgente. » « Ce n'est plus une question de mois, mais de semaines », a-t-il ajouté, soulignant la nécessité d'aller vite car la situation « met en danger la stabilité de toute la région ». L'Otan a annoncé son intention de doubler les effectifs de ses troupes pour les porter à 30.000 soldats dont une force de réaction rapide de quelque 5.000 hommes qui devrait être opérationnelle en 2016. « Cela nous permettra d'être davantage préparés pour affronter les menaces venant à la fois de l'Est et du Sud », a déclaré son secrétaire général en évoquant la situation en Ukraine et dans le Nord de l'Afrique en référence à la Libye livrée aux milices depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 et où la situation sécuritaire se dégrade avec la multiplication des attaques revendiquées par un groupe terroriste qui dit avoir fait allégeance à Daech. Dernière attaque, celle qui a eu lieu jeudi matin à Tripoli. Une bombe a explosé devant un commissariat provoquant des dégâts matériels sans faire de victime. C'est le sixième attentat revendiqué par l'organisation terroriste. Les Libyens ont connu les frappes de l'Otan en 2001 dans le cadre d'une résolution de l'ONU destinée à « protéger les civils de la répression de Mouammar Kadhafi ». Des dizaines de personnes ont été tuées suite aux raids aériens de l'Alliance « visant des cibles non clairement définies », avait dénoncé l'ONG Human Rights Watch. A l'époque, des pays membres du Conseil de sécurité, notamment la Chine et la Russie, avaient considéré que ces frappent allaient au-delà du mandat onusien.