Il y avait beaucoup d'émotion et de tristesse aux cimetières de M'douha de Tizi Ouzou et Tizi Hibel où sont respectivement enterrés Ali Hammoutène et Mouloud Feraoun, deux des six inspecteurs assassinés par l'OAS le 15 mars 1962. La cérémonie de recueillement et de dépôt de gerbes de fleurs en leur mémoire organisée par la Direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou était chargée d'émotion. Mohamed et Ali, respectivement fils de Ali Hammoutène et Mouloud Feraoun, ont eu du mal à trouver les mots pour exprimer leur douleur, celle de voir leurs pères happés par la haine coloniale. « Ce qui fait mal est de savoir qu'ils ont ouffert en voyant la mort venir », dira Mohamed Hammoutène. Ali Feraoun fera remarquer : « Ils ont vidé sur eux des chargeurs d'armes automatiques. Ils ont été assassinés avec 102 balles, eux qui n'avaient comme arme que leur plume. » Mohamed Hammoutène et Ali Feraoun ne manqueront pas de rappeler que leurs mères sont mortes avec la douleur de ce mari, de ce père assassiné. Moh-Saïd et Rahim Hammoutène, cousins germains de Ali Hammoutène et anciens membres de l'ALN, se rappellent de cette « graine de nationalisme et de patriotisme que le défunt Ali Hammoutène avait semée en eux ». Moh-Saïd dira que lui et ses compagnons d'armes « utilisaient le garage de Ali Hammoutène pour cacher des armes et des explosifs que les moudjahidine venaient récupérer la nuit tombée ». Le directeur de la culture de Tizi Ouzou, Ould-Ali El-Hadi, soulignera le devoir et les obligations de son institution à marquer annuellement un tel événement de l'histoire contemporaine de l'Algérie, « pour que nul n'oublie ce que le peuple algérien a enduré durant la guerre de Libération ». A noter l'absence des organisations de la famille révolutionnaire, notamment l'ONM et l'Onec, à l'hommage aux deux martyrs.