100 logements sociaux locatifs ont été distribués jeudi dernier dans la commune de Sidi Kada (Mascara). Et 130 logements sociaux locatifs sont en cours de réalisation dans cette commune et seront achevés avant la fin de l'année. Dans la même journée, 34 familles ont été relogées dans des habitations neuves à Bouira. Sur les 728 logements programmés dans cette ville, 495 sont de type public locatif alors que le reste sont des logements inscrits dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire. Ne s'étonneraient de ces actions que ceux qui feignent de ne pas voir que l'Algérie, d'Est en Ouest, est devenue un immense chantier. « Tous les habitants des haouchs ou anciennes cités de la ville bénéficieront d'un relogement dans des habitations décentes », a assuré un responsable. La veille, c'est à Annaba qu'une opération de relogement a concerné 352 familles résidant dans des habitations précaires au quartier El Fakharine. Les familles furent relogées dans des appartements neufs de type F3. 18.000 logements publics locatifs sont destinés à lutter contre l'habitat précaire sur un total de 40.000 logements inscrits au bénéfice de la wilaya d'Annaba. On y prévoit la réception vers la fin de l'année 2015 de 3.000 LPL. La moitié sera destinée à la poursuite de la lutte contre les poches d'habitat précaire subsistant dans les communes de Sidi Amar, d'El Hadjar, d'Annaba et d'El Bouni. Les bidonvilles, ou pour reprendre un euphémisme en vogue, l'habitat précaire, sont un aspect visible et révoltant du sous-développement qui enlaidit nos villes et constitue surtout un motif d'insatisfaction permanente. Le relogement est souvent un droit brandi par des citoyens qui se sentent à l'étroit. Dans certaines villes, des cités de recasement datant de l'époque coloniale abritent encore des familles. L'attente d'un logement est largement partagée dans notre société. Le phénomène est surtout une source de multiples formes de violence sociale. La corrélation est statistiquement établie depuis longtemps entre la délinquance et l'appartenance à des espaces défavorisés. Au sein de ces derniers, s'exacerbe plus facilement le désir de revanche sociale et prolifèrent divers maux sociaux. La Volonté d'en finir A la faveur de la décennie noire et par crainte des groupes terroristes, de nombreux ruraux avaient abandonné leurs terres pour se réfugier en ville. Saïda, Alger, Tiaret, Constantine et tant d'autres se sont retrouvées ceinturées. Des maisons faites de bric et de broc jouxtaient parfois de nouvelles cités d'habitation. Ces dernières années, l'éradication de ces chancres a été érigée en priorité par les pouvoirs publics. Les autorités dans les communes avaient pour premier souci de « raser » ces lieux de mal-vie. Ceux qui y habitent ont bénéficié en priorité de logements sociaux distribués à tours de bras. La wilaya d'Alger, à elle seule, dispose, à cet effet, d'un programme de 84.000 logements. Cette volonté d'en finir définitivement avec l'habitat précaire a été de nouveau réaffirmée le mois dernier par le ministre de l'Habitat. Il avait évoqué « la détermination des pouvoirs publics à résorber l'habitat insalubre et d'en finir avec les bidonvilles à l'horizon 2016 ». Longtemps, malgré des opérations menées notamment dans la capitale, le problème avait pris les allures du tonneau des Danaïdes. On éradiquait par-ci, des habitations précaires réapparaissaient aussitôt sur le même site. Qui n'a jamais entendu parler de ces baraques qui changèrent de main à plusieurs reprises ? C'était, disait-on, une voie d'accès au logement social. Des fortunes se sont constituées dans ces endroits. Derrière l'écran de misère, prospéraient affaires louches et « magouilles ». C'est visiblement ce cercle vicieux que les pouvoirs publics veulent rompre. Des milliers de familles ont rejoint le lot des bénéficiaires d'appartements, dotés de toutes les commodités. Le transfert d'habitants vers d'autres sites peut certes s'apparenter à un « déracinement ». Des problèmes peuvent surgir mais nul ne veut retrouver des cités où il ne fait pas bon vivre. Il n'y a que ceux qui vivent sous des toits fissurés et menaçant ruine qui peuvent mesurer la réalité du changement. Il faut relever, enfin, que la démolition des logements précaires se fait au fur et à mesure de leur évacuation. On n'assiste plus à la réapparition quasi spontanée de ces bicoques. Les terrains sont aussitôt clôturés, surveillés pour faire surgir à leur place des infrastructures et des projets.