Dans un paysage musical-celui de l'Andalou notamment-truffé d'imposteurs de tous bords, le nom de Rezki Harbit sonne comme une ultime note d'une ère révolue. A jamais. Celle qui a vu passer et plastronner des monuments de la Sanâa : les frères Mohamed et Abderrezak Fakhardji, Abderrahmane Belhocine, Dahmane Benachour, Abdelrkim Dali, Sadek Lebjaoui…Epoque où seules la compétence, l'authenticité, et, par delà, la fidélité aux maîtres, avaient droit de cité. Autrement dit, tout le contraire de nos jours, où ce patrimoine musical si cher à nous est tombé dans les mains d'une doxa d'opportunistes à tout crin. Peu sensible aux feux de la rampe, il aurait fallu à Abdelhadi Boukoura, le très dynamique chef d'orchestre de l'association des Beaux Arts d'Alger, l'initiateur du projet, d'user de «diplomatie» pour convaincre l'ancien disciple de Abderrezak Fakhardji, du bien-fondé de cette marque de reconnaissance. «Je pense que j'ai été à la hauteur de la tâche qu'on m'avait confiée à la tête de notre association» confie benoîtement, devant une salle pleine, l'homme par qui sont «nés» des artistes de talent, à l'image de Hamidou, présent pour l'occasion, Beihdja Rahal, Nacerddine Chaouli, Saâdeddine el Andaloussi et d'autres encore. Accueilli chaleureusement par une ribambelle d'admirateurs, de proches, d'anciens élèves, des têtes d'affiches aussi, à l'instar du grand interprète du chaâbi Abderrahmane El Kobbi, du vieux Mamad, de Kamel Bouchama, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Aâmi Rezki aura vécu une soirée intense en émotions. Et de musique aussi, puisque les poulains de Boukoura ont exécuté, pour l'occasion, et avec un manifeste savoir-faire, une nouba raml, et quelques textes de Hawzi, ‘'Sahbi nemchnilou'' ou encore un époustouflant Madih ‘'Ya sid ahmed ya mohammed'', que le public a acclamés à coups d'ovations et de youyous. UN PARCOURS PRESTIGIEUX Par ailleurs, il faut bien regretter que la discrétion qu'il s'est appliquée durant tout son parcours, n'a pas permis de faire connaître aux grandes masses cette figure de proue de la musique andalouse. N'était l'idée géniale du très sympathique Yacine Benmoussa, universitaire, spécialiste des médias, de présenter à l'auditoire la biographie du cheikh. C'est là qu'on découvre, pas du tout étonnés, plutôt émerveillés, la carrière d'un passionné qui aura servi la musique de Zyriab tout au long de sa vie. Né à Alger en 1945, le parcours du jeune Rezki Harbit prend naissance au Conservatoire municipal d'Alger en 1959 sous la direction de Abderrahmane Belhocine. Après avoir réussi son passage en classe supérieure, il devient en 1967 un élève assidu voire un disciple de Abderrezak Fakhardji qu'il ne quittera plus jusqu'à la disparition de ce dernier en 1984. En 1977, il est désigné, parmi tant d'autres, professeur de musique andalouse avec l'approbation de son maître. En 1981, il participa à la fondation de l'association artistique et culturelle El Fakhardjia, où il est désigné, toujours pas son maître, professeur en charge de la classe supérieure. Il a codirigé avec ce dernier, mais aussi avec Mustpha Boutriche, Abdelkrim M'hamsadji et El Hadj Hamidou Djaïdir, l'orchestre de l'association. Pour autant, son parcours est interrompu en 2006 suite à un grave accident de la circulation qui l'a éloigné de la scène à ce jour.