Le Conseil de sécurité se prononcera cet après-midi sur un projet de résolution qui prorogera d'un an le mandat de la Mission de l'ONU pour le référendum au Sahara occidental (Minurso). Contrairement aux attentes des Sahraouis, les « quinze » n'incluront pas, comme les années précédentes, dans le mandat de la Minurso, la surveillance des droits de l'homme. Autrement dit, « la seule mission de maintien de la paix établie après 1978 sans un mécanisme de surveillance des droits de l'homme » sera chargée de surveiller un cessez-le-feu conclu en 1991 au Sahara occidental où aucun mécanisme international contre les violations des droits humains n'existe. Les « quinze » inviteront toutefois les deux parties, le Maroc et le Front Polisario, continuer sous les auspices de Christopher Ross, l'émissaire personnel du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, « les négociations (...) sans conditions préalables et de bonne foi (...) en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui assurerait l'autodétermination de la population du Sahara occidental ». Dans son dernier rapport présenté le 10 avril, Ban Ki-moon, qui déplore le « manque de progrès » des discussions, a appelé les protagonistes à « redoubler d'efforts pour négocier une solution politique » et « réaffirmé » l'importance d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental. Selon les analystes, la reconduction du statu quo, qualifié d'« intenable » par Christopher Ross, s'annonce risquée. L'ONU n'exclut pas de jeter l'éponge si le Maroc continue à camper sur sa « large autonomie » et à ignorer les résolutions du Conseil de sécurité qui garantissent l'organisation d'un référendum libre. Le Front Polisario n'exclut pas lui aussi de revoir sa coopération avec la Minurso si elle abandonne l'objectif de sa mission, à savoir l'organisation d'un référendum libre, juste et impartial au Sahara occidental. Le moment serait-il venu pour le secrétaire général de « réexaminer complètement le cadre qu'il a fixé en avril 2007 pour le processus de négociation ? ». Dans les territoires sahraouis occupés où le niveau de « mécontentement » a été relevé dans le dernier rapport de Ban Ki-moon, les jeunes sont montés au créneau. A Dakhla occupée, des habitants ont manifesté samedi dernier contre l'occupant et pour la protection des droits de l'homme. Les prisonniers universitaires de Gdeim Izik ont entamé, quant à eux, dimanche dernier, leur troisième grève de la faim de 72 heures. En France, pays dont le gouvernement est montré du doigt par les Sahraouis, l'Association française d'amitié et de solidarité avec les peuples d'Afrique (Afaspa) a saisi cette semaine le président François Hollande sur les violations des droits de l'homme perpétrées par les forces marocaines contre les Sahraouis qui manifestaient pacifiquement pour leur droit inaliénable à l'autodétermination. « Lors du Conseil de sécurité qui abordera le renouvellement du mandat de la mission de la Minurso, il est impératif que cette mission comme toutes celles qui sont sur des conflits en Afrique, soit dotée d'un mandat de surveillance des droits de l'homme », estiment l'Association et dix-sept ONG de l'Hexagone. En Afrique, l'Organisation de la jeunesse socialiste africaine a réitéré, samedi dernier, dans un communiqué sanctionnant sa réunion tenue à Accra, au Ghana, du 23 au 26 avril, son soutien au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance.