Les pays du Golfe qui redoutent l'influence de l'Iran, leur voisin chiite, dans la région, ont des doutes sur la capacité des Etats-Unis d'assurer la confidentialité de leurs contacts après les «consternantes» révélations de WikiLeaks qui ont montré l'ampleur de leurs craintes. Selon un «câble», le roi Abdallah d'Arabie saoudite a demandé à Washington de «couper la tête du serpent» pour détruire le programme nucléaire iranien. Selon un autre, le roi Hamad ben Issa al-Khalifa de Bahreïn estime qu'il est moins risqué d'intervenir militairement en Iran que de laisser ce pays poursuivre son programme nucléaire. Les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe qui ont toujours cru en les éloges américains sur leur coopération dans la lutte contre le terrorisme, ont exprimé pour la première fois ouvertement leur «frustration d'être tenus à l'écart des négociations sur le programme nucléaire iranien» avec les «Six». «Pourquoi le Golfe n'a aucun rôle dans le dialogue avec l'Iran ? Et pourquoi l'Occident et les 5+1 pensent que le dossier du nucléaire les concerne exclusivement?», s'interroge cheikh Abdallah Ben Zayed Al-Nahyane, le ministre émirati des Affaires étrangères en marge d'un sommet d'Abou Dhabi. Toute solution doit venir de la région (...) et le Conseil de coopération du Golfe doit avoir un rôle dans ce dialogue», dit-il en marge du forum sur la sécurité régionale qui a terminé ses travaux dimanche à Manama. Il craint comme l'ensemble de ses homologues du Golfe qu'un éventuel accord avec Téhéran qui contrôle désormais la totalité du cycle de production de combustible nucléaire, se fasse à leur détriment. Selon l'ancien patron des renseignements saoudiens, le prince Turki al-Fayçal, «ce qui intéresse les pays du Golfe c'est qu'ils soient consultés et informés des intentions des Etats-Unis et des autres parties». «Il peut y avoir un accord entre l'Iran et les Etats-Unis et je crains que ce soit sur le dos des pays arabes du Golfe», estime Ibtissam al-Kotbi, professeur de Sciences politiques à l'université des Emirats après le «pas en avant» de Hillary Clinton, la secrétaire d'Etat américaine au Forum de Manama. Elle a déclaré que les Iraniens «pourront enrichir de l'uranium à une date donnée dans l'avenir, une fois qu'ils auront démontré qu'ils peuvent le faire de manière responsable, en accord avec leurs obligations internationales».