Renforcer la coopération bilatérale et multilatérale dans le secteur des mines    APN: la Commission de la santé tient une réunion consacrée au projet de prolongation du congé de maternité    La 1ère édition du "Festival de l'image corporate" s'ouvre à Alger    Grève générale au Maroc: la puissante organisation syndicale espagnole UGT apporte son soutien aux syndicats marocains    Ligue 1 Mobilis: l'USMA domine l'USMK (3-0) et monte sur le podium    Décès de l'ancien chef du Gouvernement Sid Ahmed Ghozali: le président de l'APN présente ses condoléances    Réunion du Gouvernement: examen des recommandations issues de la rencontre Gouvernement-walis et d'autres secteurs    Saihi rencontre des membres du Syndicat algérien des biologistes de santé publique    Mascara: mise en valeur de l'héritage littéraire et religieux de l'Emir Abdelkader    Ouverture de la 19e édition du Salon international de la pharmacie au Palais des expositions    Ligue de football professionnel: Mesloug élu président de la LFP    Création à Alger du Réseau africain de lutte contre le cancer    Attaf reçoit un appel téléphonique de son homologue turc    Sept éléments de soutien aux groupes terroristes arrêtés et une quantité d'armes et de munitions récupérée    Foot/Supercoupe d'Algérie 2024 (MC Alger-CR Belouizdad): Lahlou Benbraham au sifflet    Le Général d'Armée Chanegriha en visite officielle en Inde    Début mercredi de réunions du Comité de l'ONU pour l'exercice des droits du peuple palestinien    Des créateurs à besoins spécifiques exposent leurs œuvres à Alger    Arkab reçoit une délégation du Cluster algérien des industries électriques    Suivi de l'état d'avancement de projets énergétiques des sociétés italienne et américaine en Algérie    Recensement du produit national : une initiative pour une économie intégrée    Lancement à Oran des Journées portes ouvertes sur les forces navales    1er Congrès international du patient atteint de cancer, les 4 et 5 février    Rebiga préside une réunion préparatoire    Un réseau d'organisateurs de traversées clandestines par mer démantelé    Menace sur les zones humides    Arrestation en série lors de vastes opérations de contrôle    La mêlée sauvage    la coopération militaire et sécuritaire avec les grandes puissances, le cas de l'Otan et du dialogue méditerranéen    Les mouvements politiques félicitent le triomphe de la résistance arabe    « Cheikh M'hamed El Anka, au panthéon patrimonial de la chanson chaâbie »    Avant-première à Alger de «Deux hommes, un destin»    Le concert « Mélodies de l'authenticité et du patrimoine » enchante    USM Alger : Gassama et Aït El Hadj libérés    Le MCA perd deux points à Mostaganem    L'Algérien Djamel Haimoudi nommé superviseur général de l'arbitrage en Tunisie        L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Un passé ressuscité
Publié dans Horizons le 16 - 05 - 2015


L'homme avait tout juste vingt et un ans quand il fut arrêté à l'orée de l'été 1945. Fils d'un caïd de la région de Makouda (Tigzirt en Kabylie), il sera accusé d'avoir attenté, dans le sillage des événements du 8 mai de cette année-là, à la vie d'un autre caïd, de son nom Aït Ali. Il n'avait pourtant pas pris part à cet attentat mené par un groupe de militants du PPA. Devenu Bachagha et président du Conseil général d'Alger, Aït Ali sera grièvement blessé par un militant du FLN en 1956. Yacef Saadi relate les circonstances de cette attaque dans ses mémoires. Rien ne semblait pourtant destiner le jeune Mohand Saïd, issu d'une famille aisée, qui poursuivait ses études au lycée de Ben Aknoun, interrompues par la guerre, à un tel destin. Sa longue détention est entrecoupée de grèves de la faim et de procès. Il fut condamné d'abord à des peines de 15 et 20 ans de travaux forcés puis à la perpétuité. Il ne sera libéré qu'en 1962. Le livre* de l'ancien ministre du Travail et des Affaires sociales de Houari Boumediene n'est nullement le récit de cette longue privation de liberté. A elle seule, elle aurait pu pourtant constituer la matière exclusive de l'ouvrage. Le séjour dans différentes prisons (Serkadji, Tizi-Ouzou, Blida, Oran, El Asnam) et des transfèrements plus courts dans des geôles en France pouvaient suffire à un exercice d'autoglorification. Les mémoires recueillies par l'ex-ambassadeur, Lahcene Moussaoui, ne sont pas seulement le journal du prisonnier qui fut celui qui passa, au XXe siècle, le plus de temps dans les prisons coloniales. Le récit s'ouvre sur une enfance partagée entre le petit village de Tassadarth et Dellys et dont les souvenirs liés à la famille, notamment un grand-père pétri de sagesse et enraciné dans le terroir kabyle, resituent une époque. Au-delà des haltes nostalgiques, la mémoire ressuscite aussi le passé culturel de cités comme Dellys ou Alger qui étaient des îlots d'urbanité et d'authenticité. L'entre deux guerres était, certes, marqué par l'ampleur des privations et des rigueurs liées à la condition de colonisé. En contrepoint, elle était aussi celle de l'affirmation de la conscience nationale. « L'administration coloniale était féroce et implacable », écrit t-il (page 32). « C'était une période terrible que l'on ne peut imaginer aujourd'hui. Une période où, en guise d'habits, les pauvres paysans se contentaient, pour beaucoup, d'un sac de jute dont ils perçaient le fond pour être la tête et les côtés pour les bras », poursuit-il (page 141). Le livre s'avère un témoignage précis et précieux sur la vie carcérale qui fut davantage « une école, un espace de rencontres et de découvertes du pays ». Le vieux militant fait, surtout, revivre de nombreux personnages qui, à un moment ou un autre de l'histoire de l'Algérie, ont joué un rôle. Défilent les figures d'Omar Oussedik, Ali Laimeche, Omar Boudaoud compagnons de jeunesse. L'auteur a croisé ensuite dans les prisons Benbella, M'hamed Yazid, Bitat, Abane Ramdane, Ali Zamoum. Les pages fourmillent de souvenirs sur des militants comme Hamou Boutlelis assassiné à sa sortie de prison et des dirigeants ou des militants comme Ali Yahia Abdenour, son frère Rachid, Bennai Ouali, Abdelmalek Temmam. Hommage est rendu, également, à des militants anonymes et aux Européens qui s'impliquèrent dans la lutte pour l'indépendance. Dans cette galerie on retrouve même Moufdi Zakaria, l'acteur Hassen El Hassani ou Abassi Madani qui furent tous emprisonnés entre 1954 et 1962. Gloire et dévoiement Mazouzi a accompagné les différentes phases de l'histoire de l'Algérie. De ses premiers pas dans le PPA jusqu'à ses ultimes engagements aux côtés de Redha Malek ou Mostefa Lacheraf. La partie qui relate le passage de l'homme dans différents postes de responsabilité, tant dans les structures du FLN que de l'Etat est toute aussi captivante et instructive. Celui qui fut wali et impliqué dans le FLN à une période cruciale dit beaucoup de choses. Sur la crise du FFS de 1963, le congrès du FLN l'année d'après, le coup d'Etat du 19 juin 1965, les premières élections des APC en 1967... S'il ne fut pas toujours un acteur de premier plan, il évoque de nombreuses péripéties et dresse le portrait d'hommes comme Aït Ahmed, Ahmed Ben Bella sans complaisance mais sans haine. Ne voulant pas s'engluer dans les luttes intestines, il préféra, dès 1962, s'impliquer dans le travail de terrain pour l'édification d'un Etat. « C'était une époque de perspectives et d'espoirs où les jeunes refusaient des bourses à l'étranger et des offres alléchantes de vie plus facile ailleurs ; ils voulaient travailler, se battre ; ils croyaient en leur pays en pleine construction ; ils avaient foi en leur peuple qui souffrait mais qui avançait », lit on page 324. Son livre est celui de multiples aspects de l'Algérie indépendante dont on découvre à la fois l'élan vers la modernité et les fragilités. Il s'attache à rappeler les moments de gloire et à regretter les dévoiements qu'ils situent à l'avènement de Chadli Bendjedid qui fut une sorte de descente aux enfers. Relatant surtout son expérience au niveau du ministère du Travail qu'il occupera de 1968 à 1977, il met en valeur le travail collectif de ses cadres et l'apport de l'écrivain Kateb Yacine et du peintre M'hamed Issiakhem. Il relate, également, de nombreuses missions à l'étranger (Chine, Corée du Nord, Cuba, Grande-Bretagne, Guinée...). C'est un récit assaisonné de croustillantes anecdotes sur une époque où l'Algérie jouissait d'un immense prestige. Le régime de Boumediene a, amélioré le sort de la majorité des Algériens. Mazouzi garde encore une admiration pour le raïs qu'il explique et justifie. Mazouzi s'appesantit sur les réalisations à tous les niveaux et fait part de la volonté de Boumediene de corriger les erreurs après 1976. A travers des évocations tantôt sur un ton grave et tantôt léger, le livre ne se lit pas comme une fastidieuse leçon d'histoire où l'auteur se donne le beau rôle. Son intérêt premier est dans cette rencontre entre un parcours personnel et l'histoire d'un pays. Les malheurs et les espoirs de l'un et de l'autre ont nourri une fabuleuse histoire dont nous découvrons chacun des aspects méconnus.

Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.