L'utilisation des cartes gratuites du centre de thalassothérapie par les responsables des entreprises et organismes publics était-il un cadeau empoisonné offert par Khalifa Bank ? La majorité des accusés auditionnés hier, par le président du tribunal criminel de Blida, ont été impliqués dans cette affaire. Certains n'ont pourtant jamais utilisé ce « sésame ». C'est le cas de Smati Bahidj Farid, PDG d'approvisionnement, d'outillage et de quincaillerie (ex- ENC), accusé de corruption, trafic d'influence et perception de concessions et d'avantages. Ce dernier explique au magistrat qu'il a obtenu la carte de la part du directeur des ressources humaines du centre de thalasso et non des responsables de Khalifa Bank. Il avoue également qu'il avait utilisé la carte une dizaine de fois sans savoir que les séances de thérapie sont payées par la banque Khalifa. « Vous n'avez pas pensé que la carte est payée par Khalifa Bank ? », interroge le président du tribunal. « Sur le badge rien n'est mentionné au nom de Khalifa Bank », réplique l'accusé qui tente de justifier également les différences des taux d'intérêt entre les deux agences de la banque Khalifa (7,5 à l'agence de Hussein Dey et 9,5 à l'agence d'El Harrach). « Cette méthode se fait également dans les banques étatiques », argumente-t-il. Expliquant le placement de 100 millions de dinars dans la banque Khalifa, l'accusé explique qu'il était contraint d'ouvrir un compte dans ces agences pour pouvoir récupérer rapidement l'argent car les clients mettent beaucoup de retard dans le virerement de l'argent. « Après l'ouverture des comptes, nous avons enregistré une nette amélioration dans le recouvrement des créances, car nous enregistrons les virements le lendemain de l'opération », justifie l'accusé en expliquant également que le placement fut effectué selon la base de la meilleure offre sur le marché. « Nous avons eu recours à des consultations et nous avons opté pour Khalifa Bank. Nous avons établi une convention dont une clause nous donne le droit à un retrait anticipé. C'est ce qui nous a incités à placer les fonds dans cette banque », avoue l'accusé. « Les banques publiques offraient un taux d'intérêt de 4% à 6%, alors que chez Khalifa Bank, il était beaucoup élevé », a-t-il rappelé.