Chiites et tribus sunnites main dans la main contre Daech ? La reconquête de Ramadi, dans les semaines à venir, selon les responsables du Pentagone, est considérée comme la priorité des priorités pour Bagdad et Washington. Finie la guerre confessionnelle. Si Bagdad se soucie de son bras armé que constitue le fameux corps chiite, resté jusque-là à l'écart de la bataille contre Daech, l'Amérique d'Obama tend la main aux tribus sunnites appelées à partager le lourd fardeau de la lutte contre la menace commune. De ce fait, la contre-offensive, annoncée depuis une base à l'ouest de Bagdad par le général Ali al-Majidi, se conçoit comme une tentative d'empêcher la sanctuarisation de Daech dans la province d'El Anbar frontalière de la Syrie, de l'Arabie saoudite et de la Jordanie. L'expérience de Tikrit, érigé en champ de bataille miné pour rendre plus difficile la reconquête, est dans tous les esprits. Le temps est désormais compté. L'étau chiite et sunnite se resserre. Dans la stratégie irakienne, la contribution des combattants chiites des Unités de mobilisation populaire est jugée décisive pour pallier la fragilité de l'armée mise encore une fois en déroute, abandonnant dans sa retraite matériel et hommes livrés à leur triste sort ou, pour les plus chanceux, sauvés in extremis dans une opération d'exfiltration par hélicoptères. Si le gouvernement a décidé de « punir sévèrement les récalcitrants, dont l'attitude a eu des conséquences pour Ramadi », l'afflux des milices chiites fonde « un rôle à jouer tant qu'elles sont sous le contrôle du gouvernement ». Aux portes de Ramadi, le rassemblement chiite s'effectue au moment même où Washington tend la main aux tribus sunnites. Au Conseil de sécurité nationale (NSC), réunissant le secrétaire d'Etat, John Kerry, le secrétaire à la Défense, Ashton Carter, la conseillère à la Sécurité nationale, Susan Rice, le directeur de la CIA, John Brennan et d'autres hauts responsables, le président américain a fait le point sur la stratégie fondée, outre les frappes aériennes de la coalition, sur l'envoi des armes et de milliers de conseillers militaires. « Nous étudions comment soutenir le mieux possible les forces au sol à Anbar, en particulier en accélérant la formation et l'équipement des tribus locales et en soutenant l'opération menée par l'Irak pour reprendre Ramadi », a expliqué Alistair Baskey, porte-parole du NSC. Un ajustement du calendrier est nécessaire, selon Baskey, pour relever le défi de Daech assiégé à Ramadi et lâché en Syrie où il a réussi à s'emparer du nord de la cité de Palmyre, voire de la province d'Idleb, frontalière de la Turquie. Une réunion internationale est ainsi programmée, le 2 juin prochain, à Paris, en présence du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, pour évoquer « la situation en Syrie et en Irak », a indiqué le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.