Une loi interdisant l'utilisation du filet maillant dérivant pour la pêche à l'espadon est sur le point d'être signée par le ministère de la Pêche. Selon le directeur de la pêche de la wilaya de Tipasa, M. Aït Ouakli, ce genre de matériel constitue un danger pour les ressources halieutiques car il provoque une mortalité importante, entre autres, des cétacés et des tortues qui sont souvent piégées et asphyxiées dans ces filets. Un tel équipement est également un obstacle pour la circulation des navires puisque avec l'industrialisation de la pêche, certains filets mesurent plus d'un kilomètre de long. La tutelle prévoit de déléguer la pêche à l'espadon uniquement aux chalutiers. Mais cette éventuelle interdiction n'enchante guère certains professionnels du métier. Pour eux, l'utilisation de ce filet n'est un danger ni pour les poissons ni pour les navires. «Nous utilisons des filets maillants dérivant 200 selon les normes car un seul maillant mesure 20 cm de diamètre. Cette surface permet le passage à l'aise des autres poissons sans qu'ils ne soient retenus par le filet», explique Salah, membre de l'association des pêcheurs de la wilaya de Tipasa. Pour lui, les pouvoirs publics doivent plutôt jeter un regard sur le massacre que font les chalutiers avec leurs chaluts au lieu de focaliser sur le filet maillant dérivant. «La pêche à l'espadon vient juste de s'ouvrir après avoir était fermée pendant deux mois. Nous pêchons ce genre de poissons entre 10 à 18 nautiques. C'est presque à la limite des eaux internationales. Donc, à qui profite cette interdiction de la pêche par le filet maillant dérivant ?», s'interroge le pêcheur qui accuse les propriétaires de chalutiers d'avoir tout manigancé pour accaparer toute la richesse halieutique. Pour M. Ait Ouakli, l'interdiction du filet maillant dérivant obéit à une convention internationale pour protéger l'espadon. Mercredi, au cours d'une réunion de travail avec les professionnels de la pêche, cette question a été abordée. Evoquant l'utilisation du filet dérivant, les pêcheurs ont accusé encore une fois les chalutiers qui ne prennent pas le large durant la période chaude quand le poisson et notamment l'espadon suit la chaleur pour frayer. Ces chalutiers raclent, selon eux, les fonds détruisant sur leur passage ces œufs et des milliers d'autres espèces de poisson. Devant cet état de fait, ils ont suggéré une programmation et une surveillance des flottilles à leur sortie et rentrée. Ils ont également souhaité que la surveillance des activités des bateaux de pêche soit gérée, comme auparavant, par le ministère des Transports. «Le contrôle de ces bateaux était plus rigoureux et discipliné qu'il ne l'est actuellement», a souligné le patron d'un bateau de pêche. Toutefois, concernant l'interdiction de l'utilisation des filets dérivants, les pêcheurs d'espadon qui ne sont pas contre le nouveau dispositif du ministère espèrent trouver une alternative à cette disposition. «Cette interdiction va sûrement mettre au chômage plusieurs pêcheurs qui ont investi des centaines de millions pour l'achat de leur équipement», objecte le propriétaire d'un bateau de pêche. Ces collègues suggèrent une solution à la marocaine où l'Etat a indemnisé tous les pêcheurs qui utilisaient le filet maillant dérivant.