D'une manière globale, les épreuves du bac se déroulent normalement à travers les centres d'examen répartis sur l'ensemble du territoire national. Nul grave incident n'est venu perturber la quiétude des candidats et la sérénité qui entoure les examens. Personne n'a eu cette fois-ci à subir le diktat d'élèves indisciplinés qui ont saccagé du mobilier scolaire et agressé des surveillants. De ce point de vue, alors que le refus de la tutelle de tenir compte de l'exigence d'un seuil aurait pu nourrir le brasier de la violence, il y a lieu de s'en féliciter. Toutefois, dimanche dernier, une malencontreuse erreur s'est glissée dans le sujet de langue arabe. Les élèves des filières technologie et sciences ont été confrontés à une méprise dans le sujet de langue arabe. Le poème de Nezzar Kebbani, sur lequel ils devaient plancher, a été attribué par erreur à Mahmoud Derwiche. Cela, comme l'a-t-on relevé au niveau du ministère de l'Education, est sans conséquence d'autant plus que l'erreur n'a pas eu « d'incidences sur le sujet ». Ce souci d'apaisement transparaît aussi dans la déclaration de la ministre de l'Education faite le premier jour du bac à Laghouat. Elle avait appelé les journalistes à « ne pas amplifier les choses », les réseaux sociaux étant prompts à enflammer les esprits par un mélange de vérité et d'exagération. Ce qui est plus regrettable, ce sont aussi toutes ces voix qui semblent être à l'affût pour relever, et surtout se réjouir, de la moindre faille dans un quelconque dispositif. L'erreur n'étant plus en l'occurrence un manquement à dénoncer mais la preuve de préjugés et de mauvaise foi à conforter. Pourtant, sous tous les cieux, la fraude, avec l'évolution des technologies, est devenue de plus en plus difficile à éliminer. En France, les chiffres de la triche, rendus publics le mois dernier, ont fait ressortir que les cas de fraude ont augmenté de 10% entre 2013 et 2014. Plus du quart des actes délictueux concernent l'usage du téléphone portable. Tous les pays, du Congo, où à cause de fraudes massives, le bac a été tout bonnement annulé, vendredi dernier, à l'Australie sont en butte à la progression et à l'évolution des méthodes de fraude. L'Algérie ne détient aucun triste palmarès en la matière. Partout dans le monde, des élèves ont recours à des smartphones pour contourner la surveillance et déjouer la vigilance. Hier, une dépêche d'agence rapportait des réalités en Chine au sujet de la triche. Deux sites d'examen de la ville de Luoyang, dans la province centrale du Henan, ont fait chacun décoller...un drone capable de repérer d'éventuelles communications suspectes de la part de candidats qui auraient réussi à introduire des appareils de transmission miniaturisés dans la salle d'examen. Bien avant l'apparition de ces appareils, la triche a tenté des candidats qui se montraient ingénieux et astucieux mais le phénomène restait marginal. Le ministère de l'Education nationale ne compte pas pour autant se croiser les bras. A nouvelles méthodes de triche, nouvelles méthodes de surveillance, serions-nous tentés d'écrire. Si la fouille corporelle a montré ses limites, il est temps de revoir le dispositif de contrôle. « La fouille systématique prendrait du temps pour des centres d'examen comptant 700 candidats et l'interdiction des téléphones et autres appareils électroniques est plus une mesure dissuasive que les élèves réussissent parfois à contourner en prenant des dispositions », a expliqué l'inspecteur général du ministère de l'Education. Des expériences allant de sanctions pénales au recours au brouillage ou aux caméras de surveillance dans les salles d'examen ont été menées ailleurs. La technologie offre aussi des moyens imparables de démasquer les tricheurs. Si le phénomène paraît encore gérable dans notre pays, rien n'indique que des mesures similaires ne seraient pas prises dans le futur pour dissuader les volontés malveillantes.