‘'De la résistance à la guerre d'indépendance 1830-1962'', de Mohamed Ould El Hocine Essai, Edition Casbah, 850 DA. Depuis le débarquement des troupes françaises le 14 juin 1830 à Sidi Fredj, le peuple algérien tout entier n'a cessé d'opposer sa résistance à l'occupant. C'est ce qu'illustre Mohamed Chérif Ould El Hocine dans son troisième ouvrage paru cette année 2010 avec pour titre, «De la résistance à la guerre d'indépendance, 1830-1962». Déjà, la progression des armées françaises, dès leur arrivée sur le sol algérien, n'a pas été une promenade. De rudes batailles ont eu lieu, une de grande envergure menée par une armée de volontaires algériens, de fantassins et de cavaliers et de deux autres, à Staouéli et Sidi Khalef. Parmi ces volontaires venus de toutes les régions d'Algérie, Hocine Ould El Hocine cite la contribution des populations du M'zab. Il réserve d'ailleurs tout un chapitre aux nombreuses résistances que les habitants du M'zab ont mené contre le colonialisme à différentes époques, des mouvements de résistance qui n'ont pas été toujours cités dans les livres d'histoire. L'auteur opère de même pour les autres régions d'Algérie. L'occupation de Blida est ciblée dès l'année 1830. Cette invasion ne fut pas facile avec les luttes des habitants. Puis ce fut Médéa qui opposa une farouche résistance. Mohamed Chérif Ould El Hocine a démontré que cette lutte contre le colonialisme n'a jamais cessé depuis 183O, embrasant Constantine, Biskra, l'Oranie, la Kabylie, les Aurès, les contrées du Sud, du Grand-Sud et atteignant la moindre parcelle et toutes les localités du pays. Cette résistance s'est focalisée à partir du début du siècle sous forme de contestation, canalisée par des associations politiques et donnant peu à peu naissance, étant donné l'intransigeance du pouvoir colonial et ses lourdes répressions, à la décision du déclenchement de la grande lutte armée du premier Novembre 1954. Ici pour cette période glorieuse et décisive, l'auteur abonde en témoignages vivants et en documents authentiques. C'est qu'il a été un acteur da valeur dans cette guerre de Libération nationale. Il a combattu les armes à la main. Il a côtoyé ainsi de valeureux moudjahidine et a vécu des moments d'une grande intensité. Ces êtres qui ont sacrifié leur vie, ces compagnons d'armes qui ont versé le prix du sang et ces moments historiques ne doivent jamais être oubliés. Mohamed Chérif Ould El Hocine se fait un devoir de les rappeler à la mémoire. En même temps, il dresse un tableau des valeureux martyrs et des moudjahidine encore en vie ayant contribué, en acteurs engagés et déterminés dans la guerre de Libération nationale. Il veut citer le plus grand nombre. D'abord ceux qu'il a véritablement connus puis ceux qui sont entrés dans l'histoire de la Révolution par la grande porte. Avec les photos d'époque à l'appui, il établit leur parcours de militant et de combattant. Il s'efforce de n'omettre personne. Il mentionne de simples moudjahidine comme Ezzoubir, Cheknoum ou Saiki de la zone IV de la wilaya IV ou de grandes personnalités comme Hocine Ait Ahmed, Mohamed Boudiaf, Abane Ramdane, le colonel Amirouche, Larbi Ben M'hidi, Didouche Mourad, Zighout Youcef. Il n'oublie pas les femmes combattantes, ni les Européens libéraux qui ont participé avec foi aux côtés du combat des Algériens. Il cite ainsi Raymonde Peichard, cette fille de Saint Eugène qui n' a pas hésité à prendre le maquis et qui est tombée en pleine jeunesse au champ d'honneur. Il cite aussi les membres de la famille Ighilahriz, un exemple de don de soi pour la patrie. Son livre est ainsi plein de ces personnalités qui ont fait l'histoire récente de l'Algérie et que les nouvelles générations se doivent de connaître et de reconnaitre. La documentation photographique est impressionnante. Ces illustrations en noir et blanc, plongent le lecteur dans l'atmosphère de l'époque. Par cet ouvrage, Mohamed Chérif Ould El Hocine qui se défend d'être historien, veut répondre à la noble mission de rappeler à la vie l'acharnement du peuple algérien à briser les chaînes du colonialisme. Libéré de ce lourd fardeau, il peut se consacrer à l'affirmation de son identité et s'insérer dans la voie du développement et du progrès.