L'Europe s'attaque officiellement aux réseaux de passeurs méditerranéens. Les 28 ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont lancé, hier matin, l'ouverture de leur réunion mensuelle au Luxembourg, une mission navale en Méditerranée. Objectif immédiat de cette opération, baptisée « EU Navfor Med » : une surveillance accrue des réseaux de passeurs. Dans la semaine, des navires, des sous-marins, des avions patrouilleurs maritimes et des drones seront, selon une porte-parole de l'UE, déployés pour « écouter, voir, analyser » les activités des trafiquants. In fine, cette mission dont l'idée est née à la mi-avril après la mort de 900 personnes dans le naufrage d'un chalutier chargé de migrants, au large de la Libye, est censée détruire les embarcations, notamment les « bateaux mères », qui servent à tracter en haute mer des radeaux de fortune chargés de migrants. Federica Mogherini, la chef de la diplomatie européenne, qui est « impressionnée par l'unanimité et la vitesse avec laquelle ce déploiement a été mis en place » est convaincue que cette opération va « rendre impossible, pour les organisations criminelles, de réemployer les instruments qu'elles utilisent pour faire mourir des personnes en mer ». Basée à Rome et dirigée par le contre-amiral italien Enrico Credendino, conformément à une décision prise le 18 mai par les 28 ministres, « EU Navfor Med » qui se veut, selon Donald Tusk, le président du Conseil européen, une réponse du Vieux continent au drame des migrants, va couvrir le centre et le sud de la Méditerranée. En l'absence d'une résolution du Conseil de sécurité, autorisant l'usage de la force dans les eaux territoriales libyennes, que fera cette mission ? Limitera-t-elle, en attendant ce sésame onusien, son action à l'identification des réseaux de contrebande, à la surveillance à distance des côtes, d'où partent les migrants et à la recherche et la saisie des biens des trafiquants dans le cadre du droit international ? « On a vocation à aller plus loin », affirment plusieurs responsables européens à la presse, présentant le déploiement des « navires, avions et drones » dans le sud de la Méditerranée comme « une première phase » destinée à « préparer une montée en puissance ». « Nous sommes plutôt optimistes qu'in fine, il y aura une résolution du Conseil de sécurité », déclarent ces responsables.