Très attendu, le plan de réformes destiné à réduire les dépenses publiques et lutter contre la corruption en Irak a été approuvé à l'unanimité, mardi dernier, par le Parlement. Pour faire face à la colère de la rue et répondre aux exigences du combat décisif contre le groupe terroriste Daech, le chef du gouvernement, Haïdar al Abadi, a proposé, la veille, la suppression de postes importants, dont ceux des vice-premier ministre, et la fin des quotas communautaires pour les plus hautes fonctions de l'Etat. Le chef du gouvernement irakien a préconisé, dans ce sillage, que les responsables ne soient plus choisis selon leur appartenance confessionnelle ou ethnique, mais selon « leurs compétences, honnêteté et expérience ». Les députés irakiens, qui ont adopté ce plan, ont également voté en faveur de mesures qu'ils ont eux-mêmes proposées. Parmi ces dispositions, figurent la possibilité pour les députés de voter une motion de défiance contre des ministres « négligents et corrompus », la mise en place d'une loi destituant les parlementaires, trop souvent absents, et la limitation à deux mandats pour les trois postes les plus importants de l'Etat, en l'occurrence celui de Premier ministre, disposant de larges pouvoirs, du Président et du président du Parlement. Les députés ont aussi pris la décision de réduire le nombre de portefeuilles ministériels, de réformer le système judiciaire et de limoger les ministres des Finances et de l'Electricité. Un délai d'un mois a été fixé au chef du gouvernement pour mettre en application cette feuille de route anticorruption. Abadi, qui s'en est d'ailleurs félicité, a affirmé son engagement total même si, dira-t-il, cette mission peut lui coûter la vie. Il a immédiatement demandé à la commission anticorruption de publier les noms des responsables accusés de malversations pour les empêcher de quitter le pays afin de les traduire en justice. Le sursaut irakien a soulevé le satisfecit du représentant adjoint de l'ONU en Irak, Gyorgy Busztin, exprimant dans un communiqué la crainte d'une exploitation par les groupes terroristes du mécontentement populaire. Il reste toutefois à apprécier l'impact des réformes fortement exigées par l'ayatollah Ali Al-Sistani et portées par les députés. L'onde de choc, qui a ébranlé la base électorale du Sud du gouvernement majoritairement chiite, a dicté l'ère des réformes pour une refonte en profondeur de l'Etat touché dans sa crédibilité, son fonctionnement harmonieux et sa cohésion.