à quelques jours de l'Aïd El-Adha, de nombreux Algériens hésitent encore à acheter le mouton de peur de sacrifier leurs économies. D'aucuns appréhendent le risque de devoir, une fois la fête terminée, s'endetter. Dans la rue, les bus, les établissements publics, les quartiers, peu cachent cette appréhension et la cherté est sur toutes les lèvres. Les prix affichés dans les marchés décourageraient beaucoup de familles à faibles revenus. En effet, dans les différents marchés à bestiaux de la capitale, le prix du mouton varie entre 40.000 et 60.000 DA. La première conséquence est de voir le modeste chef de famille toucher à ses économies et renoncer à ses petits projets pour pouvoir sacrifier le mouton de l'Aïd et faire plaisir à ses enfants. Un sacrifice qui coûte de plus en plus cher. « Pas d'envie, pas de moyens » Les Algériens semblent résignés devant la hausse des prix du mouton et des produits de consommation. Devant une telle situation, certains ont opté pour l'achat de viande pour marquer l'évènement. Gagnent-ils vraiment au change ? « Franchement, je n'ai ni l'envie ni les moyens d'acheter le mouton », dira une mère de famille qui a eu du mal à faire face aux dépenses de la rentrée des classes. Fonctionnaire de son état, un père de famille ne veut pas entendre parler d'endettement. « Le sacrifice du mouton de l'Aïd El Adha est obligatoire pour les personnes aisées », dira-t-il. « Le sacrifice est devenu plus une tradition qu'un acte religieux », a-t-il ajouté. Pour d'autres, le sacrifice du mouton de l'Aïd El Adha n'est pas un banal événement. C'est le cas de certains jeunes qui n'hésitent pas à parcourir des centaines de kilomètres pour trouver un mouton à bas prix. Les wilayas de Tébessa, Tiaret, Tissemsilt et Djelfa sont les destinations prisées en cette occasion. D'autres, au contraire, se montrent patients. Ils attendent les dernières 48 heures pour faire la bonne affaire. C'est le cas de Djamel qui ne semble pas se soucier des prix. Il a toujours procédé à l'achat du mouton à la dernière minute. « L'année dernière, j'ai acheté un mouton bien dodu et en très bonne santé pour 32.000 DA », nous dit-il. « J'étais de passage du côté de Zéralda la veille de l'Aïd El Adha. Et là, j'ai vu un jeune qui conduisait un troupeau de quatre moutons. Et je lui en ai acheté un », se souvient-il. Certains hésitent et d'autres préfèrent s'armer de patience et attendre le bon moment pour rentrer chez eux avec une belle bête à sacrifier le jour de l'Aïd.