« Des parents ne nous donnent pas tous les détails sur les circonstances notamment l'heure exacte de la découverte de la disparition de l'enfant et l'endroit précis où il se trouvait ». « Des parents fuient leurs responsabilités », a déploré la responsable de la police. Elle s'exprimait au forum du quotidien national El Mihwar, ou fut abordé le thème « Assassinat et enlèvement d'enfants, quelle solution ? ». La commissaire divisionnaire Kheïra Messaoudène a estimé qu'il s'agit en premier lieu de « disparition » car seule l'enquête peut déterminer s'il s'agit de disparition ou d'enlèvement. Elle a précisé que le mobile de la majorité des kidnappings est l'abus sexuel. « Le pédophile ou le prédateur ne planifie jamais l'enlèvement mais ne rate pas l'occasion qui s'offre à lui, comme par exemple la présence d'un enfant seul », a-t-elle précisé. « Le règlement de compte, la vengeance, le chantage constituent aussi des causes d'enlèvement d'enfants », a-t-elle ajouté . « Les services de sécurité ont traité 10 cas de demande de rançon durant les douze dernières années », a-t-elle révélé. les services de police ont ainsi enregistré 2.790 cas de violence contre les mineurs, dont 1.612 agressions physiques, durant le premier semestre de l'année en cours. En outre, 831 mineurs dont 360 filles ont été victimes d'agression sexuelle. S'agissant des enlèvements, les services de police ont traité, durant la même période, 52 cas (39 filles et 13 garçons). « Tous ces enfants ont été retrouvés et remis à leurs familles », a tenu à préciser la commissaire divisionnaire, tout en soulignant que les enquêtes liées à la violence contre les mineurs « sont les plus compliquées ». En outre, elle a précisé que la DGSN mobilise tous les moyens humains et matériels quand la victime est un mineur. « Une cellule de crise est aussitôt installée pour le suivi de l'évolution de l'enquête à haut niveau et des recherches à caractère inquiétant sont lancées ». Elle a rappelé que le travail de la police s'articule sur l'anticipation et la prévention. Fugues et enlèvements Cet avis n'est pas partagé par Zahra Fassi, sociologue et psychologue, qui a constaté « l'absence d'une sécurité anticipative et accompagnatrice. Pourquoi la police n'intervient qu'une fois le crime commis ? », s'est-elle interrogée. Elle a longuement plaidé pour la participation des spécialistes dans l'étude des nouvelles formes de criminalité. « J'ai fait une étude analytique sur la délinquance qui a montré que la démission parentale est à l'origine de cette évolution du crime, notamment l'enlèvement pour abus sexuel ». Selon elle, « la majorité des internautes qui visitent des sites pornographiques sont des personnes âgées et des mineurs ». La sociologue a précisé que « l'enfant fait aussi l'objet de règlements de compte dans les conflits familiaux ou conjugaux », avant d'appeler à un diagnostic de la violence, ses origines, ses causes afin de déterminer les solutions urgentes et efficaces. Pour le président du réseau Nada, Abderrahmane Arar, « il faut accélérer l'application de la loi de la protection de l'enfance adoptée récemment et la mise en place du système d'alerte des enlèvements ». Son réseau a reçu 330 appels sur le numéro vert par des mineurs et des mamans dénonçant la violence. « Le système social est fragile sinon comment expliquer qu'un enfant disparaît devant la maison parentale ? Il faut lancer un débat constructif sur l'application de la peine capitale. La situation l'exige. Il faut également réfléchir à une prise en charge des repris de justice, une réparation réelle. On a réussi à combattre le terrorisme. Nous sommes capables d'éradiquer la violence sous toutes ses formes », a-t-il soutenu. De son côté, le responsable de la cellule de protection des mineurs de la Gendarmerie nationale, l'adjudant-chef Djillali Bedani, a précisé qu'il ne s'agit pas de « phénomène » d'enlèvement. « On a traité des cas de fugue volontaire notamment de filles ou de détournement de mineur. La responsabilité incombe en premier lieu aux parents. On a constaté que le divorce et la démission parentale sont à l'origine des agressions sexuelles », a-t-il souligné.