De notre envoyée spéciale aux frontières Est : Neïla Benrahal L'Etat algérien, conscient de cette menace sur la stabilité et l'économie du pays, a mis en œuvre un plan d'action qui s'articule essentiellement sur le renforcement de la couverture sécuritaire au niveau des frontières Est et Sud-Est. C'est dans cette optique que le commandant de la Gendarmerie nationale, le général-major Nouba Menad, s'est déplacé cette semaine à l'Est du pays pour inspecter le dispositif sécuritaire mis en place. Par la même occasion, il a procédé à l'inauguration d'unités dont des postes avancés frontaliers à Tébessa. En effet, un nouveau poste frontalier vient d'être mis en service à Boughafar, à proximité du massif tunisien du Chaâmbi. Le général-major a également a inauguré le siège de l'escadron des gardes-frontières dans la région d'Oum Ali. Le premier responsable de la GN a inspecté et a inauguré le siège du commandement de la cinquième circonscription des GGF de Laaouinat et a inspecté les travaux de finalisation du nouveau siège du GGF. Les éléments des GGF ont été dotés d'un matériel ultra moderne et sont appuyés par les sections de sécurité et d'intervention et les unités de la GN, spécialisées dans la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et le grand banditisme. Selon des officiers supérieurs de la GN, le mont Chaâmbi, distant de quelque 20 km des frontières algériennes, est un fief de terroristes. Sept d'entre eux ont été abattus l'année passée dans ce lieu, avait indiqué le ministère de la Défense nationale. Ils tentaient d'entrer sur le territoire algérien. Deux des terroristes abattus ont été identifiés comme étant Djebbar Abdelkamel, alias Abou Djaâfar, et Lokmane, avait annoncé le MDN. Ces terroristes tentaient de constituer une nouvelle base, un constat qui a poussé le général-major Menad à instruire, lors de sa visite, ses troupes à renforcer le travail de renseignement et de s'attaquer aux cellules dormantes. Les services de sécurité algériens ont publié une liste de 16 terroristes recherchés à l'Est du pays. Il s'agit en particulier de terroristes libyens âgés entre 22 ans et 36 ans, étudiants et enseignants. Leurs photos avec tous les renseignements ont été affichées au niveau des brigades de la GN. Vigilance accrue Les gardes-frontières, les unités d'intervention et les unités de maintien de l'ordre, déployés sur les frontières, sont dotés de ce qui se fait de mieux en matériel, a-t-on constaté sur place. « La GN s'adapte au fur à mesure pour faire face à l'évolution de la situation sécuritaire dans la région », nous a-t-on précisé. Les postes avancés sont dotés de caméras thermiques pour détecter toute intrusion de terroristes ou de contrebandiers. A deux kilomètres de la sortie ouest de Tébessa, nous avons entamé la route menant à la ville frontalière Al-Aouinet. Les pistes ont été récemment revêtues dans le cadre d'un plan national entrepris par la direction des Travaux publics, sur instruction du Premier ministre Abdelmalek Sellal pour désenclaver les villages frontaliers. « La route a été détériorée par les guenatria (trafiquants de carburant à l'Est), qui empruntent ces pistes notamment la nuit », nou explique-t-on. Nous sommes au niveau du tracé frontalie. L'opérateur téléphonique Tunisiana annonce la bienvenue en Tunisie par des SMS. L'accès à Boughafar est difficile. Les virages sont abrupts et l'endroit est sombre en l'absence d'éclairage. La situation reflète les conditions de travail des GGF. Cette région est réputée être « la capitale de la contrebande », une dénomination que rejette la population qui a applaudi, par contre, l'ouverture d'un escadron des GGF. Les hommes en vert, avec gilets pare-balles, casques et munis d'armes de type kalachnikov, guettent tout mouvement suspect. On a rencontré des éléments des SSI et de GGF. On n'a pas pu vraiment les distinguer, car occupés à surveiller les lieux. C'est dans ces reliefs inhospitaliers que les GGF veillent au grain et pourchassent les trafiquants des deux côtés de la frontière, notamment les guenatrias. « Ils sont jeunes mais ils sont plus que jamais sur leurs gardes pour faire face à toute menace », a affirmé un chef de section. Parmi ces hommes, le capitaine Chihab, originaire de Médéa. Il est membre des GGF depuis 5 ans. « C'est un choix. On travaille en équipe et le plus important pour nous, c'est cette noble mission qu'on mène pour la sécurité du pays », a-t-il soutenu. Le patron de la GN insiste sur les conditions de vie des GGF Dans cette zone sensible à bien des égards, des patrouilles héliportées sont effectuées inopinément. Une escadrille composée de trois hélicoptères est basée à Tébessa. Dotés de caméras infrarouges et du système GPS, ils sont chargés de la surveillance de la frontière avec la Tunisie. « L'escadrille a réussi à dentifier des dizaines de nouvelles pistes utilisées par les contrebandiers et trafiquants de carburant », a expliqué le chef d'escadron des GGF et d'ajouter que ces hélicoptères surveillent le tracé frontalier qui traverse les wilayas d'El-Tarf, Souk-Ahras et Tébessa. Selon le directeur de la sécurité publique de la GN, le général Djamel Zeghida, « les hélicoptères sont une partie importante du dispositif mis en place par le commandement dans la lutte contre le terrorisme, la contrebande et le crime transfrontalier ». Sur cette bande frontalier où de nombreux postes ont été installés pour assurer un maillage sécuritaire maximal, des saisies record ont été enregistrées durant les premiers neuf mois de l'année en cours. « La hausse des saisies n'est liée à une quelconque regain d'activité de la contrebande. Il s'agit de l'activité des unités de la GN. Nous avons multiplié les moyens et augmenté les effectifs », a expliqué le DSP tout en mettant en exergue la nouvelle approche sécuritaire de la GN. « La lutte contre la contrebande est un axe prioritaire au quotidien car les revenus de cette activité illégale peuvent financer les groupes terroristes. La connexion entre le terrorisme, le narcotrafic et la contrebande existe et se confirme de jour en jour », a-t-il conclu. Nous quittons les lieux. A deux kilomètres de la bande frontalière, une image nous attire. Celle d'une ancienne station-service rénovée, érigée à même un...trottoir.