Photo: Horizons. La classe politique se dit indignée par les émeutes enregistrées dans divers coins du pays, comme elle souligne la nécessité de solutionner les problèmes sociaux « à la racine ». La majorité des partis politiques contactés, hier, dénoncent cette spéculation « provocatrice » sur les prix des produits de large consommation qui est à l'origine de cette agitation populaire. Le RND par la voix de son porte-parole, Miloud Chorfi, se désole de ces actes de contestation, en raison des augmentations des produits de large consommation, qu'il qualifie « d'inacceptables ». Il dénonce « les provocations de certains lobbies spéculateurs » qui profitent « de ce genre de situation pour nager dans les eaux troubles ». M. Chorfi estime que cela «confirme bel et bien que ces groupes de pressions sont acculés par les pouvoirs publics veillant sur l'intérêt général des citoyens en multipliant les mesures protectrices du consommateur. Ce qui a déplu aux spéculateurs sans foi ni loi ». Le RND lance à cet effet un appel à la raison afin de ne pas se fier à ces provocations, en prévoyant un retour à la normale dans peu de temps, puisqu'il est convaincu que le gouvernement est apte à maîtriser la situation. Le mouvement Ennahda suit aussi avec regret ces émeutes, renseignant, d'après lui, « sur un malaise social qu'il va falloir solutionner diligemment et efficacement ». A ce titre, ce parti interpelle le gouvernement pour prendre des mesures urgentes au profit des citoyens de façon à rétablir l'ordre public, comme il l'appelle à ouvrir un débat avec la classe politique et toutes les composantes de la société en vue d'établir des politiques opérant dans l'objectif de répondre aux attentes du peuple épris de vivre dignement et paisiblement. Au titre des motifs ayant engendré, selon le mouvement Ennahda, ce vent de colère, le bureau national renvoie cela aux répercussions induites par le marché mondial et la politique salariale « inapte à améliorer le pouvoir d'achat des citoyens ». Pas seulement, cette formation dénonce l'avidité des commerçants ayant procédé à des augmentations injustifiées des produits de large consommation. « Ce qui suscite des questionnements sur le rôle que doivent assumer les instances de contrôle pour réguler le marché », conclut un communiqué rendu public. Le parti de Louisa Hanoune a débattu, hier, de la propagation des émeutes de jeunes en colère suite à la flambée « provocatrice » des prix qui a touché notamment le sucre et l'huile et les produits dont ils sont à la base. Tout en annonçant pour aujourd'hui une session extraordinaire ouverte du bureau politique, un communiqué du Parti des travailleurs indique « que parce que rien ne saurait être supérieur aux intérêts de la nation, le PT considère que cette colère des jeunes soulève l'urgence d'une prise en charge durable du problème du chômage, par de vraies solutions créatrices d'emplois permanents à même d'assécher le vivier du désespoir à savoir la précarité sociale ». Le PT se dit cependant scandalisé par les propos du patron de Cevital, «le détenteur du quasi-monopole sur le sucre et les corps gras, qui jette de l'huile sur le feu en annonçant d'autres augmentations». En attendant les décisions du conseil de gouvernement, le secrétariat du bureau politique du PT qui dénonce vigoureusement la «spéculation criminelle sur les prix» qu'il qualifie de «véritable provocation politique et sociale», s'interroge sur «ses desseins politiques et s'adresse au gouvernement pour qu'il prenne les mesures urgentes appropriées à même de désamorcer la situation». Selon le PT, les solutions à même de stopper la spéculation consistent, dans l'immédiat, dans le plafonnement des prix des produits concernés à savoir l'huile et le sucre, la restauration même de façon provisoire du monopole de l'Etat sur le commerce externe et interne pour que le contrôle des prix soit effectif, la réouverture des grandes surfaces publiques réservées aux produits subventionnés par l'Etat et à la production nationale ainsi que la réouverture des EPE de l'agroalimentaire. Ce sont là, selon lui, les mesures réalistes et réalisables qui traitent les problèmes à la racine, tout en renforçant les correctifs introduits dans l'orientation économique. M. Mokri Abderrezak, vice-président du Mouvement de la société pour la paix déclare par ailleurs que son parti ne peut qu'être inquiété par ces actes de vandalisme et de casse, en qualifiant cela d'un message fort émanant des jeunes, faisant allusion à un malaise qui existe malheureusement. D'après M. Mokri, les jeunes sont en colère parce qu'ils veulent travailler, ils veulent une paix sociale durable qui ne soit pas précaire. Il faut savoir, dira-t-il, tirer profit de ces événements et décider d'aller au fond des choses en faveur de cette frange de la société qui ne demande qu'a être prise en charge en optant pour une vision économique à long terme. M. Moussa Touati, président du FNA, considère qu'il fallait agir avant cette « intifada », mêmé s'il regrette les pertes matérielles engendrées par la colère de la rue. Touati renvoie cela à la défaillance du dialogue social. Ce qui oblige de revoir la copie notamment du régime capitaliste qui a démontré, selon lui, ses limites. Le FLN, quant à lui, refuse de se prononcer en annonçant aujourd'hui des réunions du bureau politique et du comité de coordination qui seront sanctionnées par un communiqué sur le sujet en question.