Le coordinateur humanitaire de l'ONU pour le Sahel, Toby Lanzer, a appelé la communauté internationale à intensifier les efforts en faveur des quatre pays riverains du bassin du lac Tchad, une région du Sahel touchée par la pauvreté, la sécheresse et les violences du groupe extrémiste Boko Haram. « Tous ces sujets, les demandeurs d'asile, la crise des réfugiés, la crise environnementale, l'instabilité créée par les extrémistes convergent dans le bassin du lac Tchad », a prévenu Lanzer. « Il y a là des motifs irréfutables pour que la communauté internationale intensifie ses efforts et en fasse plus », en faveur des quatre pays riverains (Cameroun, Nigeria, Niger, Tchad). Les violences de Boko Haram ont déjà causé le déplacement de 2,5 millions de personnes dans la région du lac Tchad, une réserve d'eau douce dont la taille a été divisée par dix en 50 ans, selon des études. Sa disparition sous l'effet du réchauffement climatique, une hypothèse prise très au sérieux, pourrait priver des millions de personnes de l'eau nécessaire pour survivre grâce à la pêche, l'agriculture, l'élevage et le commerce, dans une région où la natalité est très élevée. Dans le Sahel, la population devrait augmenter de 150 millions de personnes dans les trois décennies à venir, a souligné Lanzer. « Il est essentiel d'offrir des perspectives économiques, des emplois à la jeunesse de la région, tentée par les activités florissantes que sont le trafic de drogue, d'armes et d'êtres humains, ou de rejoindre les rangs de groupes violents », a plaidé Lanzer. « Tous les ingrédients sont là pour qu'on aille tout droit à la catastrophe », a-t-il mis en garde. « Dans un monde où les crises semblent se multiplier et croître toujours plus, il faut intervenir avant que cela ne devienne trop grave », a-t-il affirmé. Le coordinateur humanitaire de l'ONU pour le Sahel a en outre précisé que quelque 180.000 migrants africains sont déjà arrivés cette année en Europe, soit autant que l'ensemble des migrants, toutes origines confondues, ayant rallié le continent européen en 2014. Mercredi et jeudi prochains, une soixantaine de dirigeants africains et européens, dont des chefs d'Etat, doivent se réunir dans la capitale maltaise pour s'attaquer « aux causes profondes » qui poussent tant d'Africains à ne concevoir un avenir qu'en Europe. La Commission européenne a mis sur pied un fonds qu'elle promet de doter de 1,8 milliard d'euros pour des projets créateurs d'emplois, de lutte contre les effets du réchauffement et de développement rural, exhortant les Etats membres de l'Union européenne à doubler la mise. L'UE souhaite aussi que les pays africains « coopèrent davantage au retour forcé de leurs ressortissants expulsés ».