Intervenant, hier au forum de Dakar sur la paix et la sécurité, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a affirmé que la contribution « qualitative » de l'Algérie à l'œuvre de paix et de réconciliation au Mali constitue un « enrichissement » de la doctrine et de la pratique de la médiation. Le ministre a évoqué comment les mouvements politico-militaires des régions du Nord du Mali s'étaient regroupés, en juin 2014 à Alger, en deux pôles : la « Coordination » et la « Plateforme », et avaient accepté la médiation ainsi que les principes devant l'encadrer. Une « feuille de route » a été signée le 24 juillet dernier et une équipe de médiation internationale inclusive, avec l'Algérie comme chef de file, a été formellement mise en place. Pour Lamamra, l'inclusivité et la collégialité de la médiation est assurément l'une des caractéristiques distinctives de cet effort collectif qui a regroupé, pendant près d'une année, les pays voisins du Mali ainsi que les organisations universelles (ONU, Minusma), régionales (UA, UE, OCI) et sous-régionales (Cédéao). La France et les Etats-Unis ont contribué à cet effort dans le cadre d'une équipe de médiation dite élargie ainsi qu'au moyen de leurs interactions respectives avec les parties maliennes, a-t-il indiqué. L'« exemplarité » de cet accord réside dans l'engagement organique de la communauté internationale, aux côtés des parties maliennes. La pratique africaine de la médiation, « riche » et « diversifiée », met à contribution des atouts et des facteurs enracinés dans des siècles de coutumes et de traditions, a indiqué le ministre d'Etat. « Les bons offices et la médiation, que nos Etats comme notre organisation continentale et nos communautés régionales ont vocation à promouvoir avantageusement, en amont et en soutien aux composantes de l'architecture africaine de paix et de sécurité ainsi qu'aux Nations unies, portent la promesse d'une rentabilité optimale de l'action collective de l'Afrique en matière de prévention et de solution des conflits ainsi que de consolidation de la paix, une fois restaurée, par la reconstruction et le développement », a-t-il mis en exergue. Selon le chef de la diplomatie algérienne, il est, en effet, avéré, ainsi que le souligne le « Rapport Brahimi » sur les opérations de paix, que les six à douze premières semaines suivant la proclamation de la cessation des hostilités armées sont cruciales pour le succès et la durabilité du processus. Ces contentieux, de nature et d'ampleur différenciées, sont souvent pris en charge par les institutions, juridictionnelles ou autres, que les dispositifs constitutionnels et législatifs nationaux des Etats concernés investissent des prérogatives de supervision, de contrôle et de validation des opérations électorales. Le ministre a mis en garde en disant : « C'est lorsque les contentieux en question, en raison de leur envergure et de la polarisation des forces en présence, remettent en cause ou tiennent en échec le fonctionnement des institutions, et que des atteintes d'intensité croissante sont portées à l'ordre public et à la sécurité nationale du pays concerné, que la situation risque de prendre les caractéristiques d'un conflit interne avec des manifestations patentes de violence et des menaces latentes à fort potentiel de rupture de la paix et de la sécurité au triple niveau national, régional et international ». L'Union africaine est née, a-t-il affirmé, de la volonté collectivement proclamée par les Etats membres d'œuvrer sans relâche pour l'approfondissement et la consolidation de la démocratie, de l'Etat de droit, de la paix, de la sécurité et du développement dans les pays africains, compte tenu de leurs conditions historiques et culturelles ainsi que de leur niveau de développement économique et social. Lamamra a précisé qu'« une plus grande effectivité des complémentarités et des interactions entre les instances continentales et régionales ainsi qu'une articulation plus grande et plus novatrice des efforts de l'Afrique avec ceux des Nations unies et de l'Union européenne sont de nature à rehausser de manière significative la valeur et la rentabilité de nos partenariats au service de la paix ». Le ministre a, par ailleurs, affirmé que l'Algérie et son président demeurent disposés à coopérer pleinement dans la résolution pacifique des crises et conflits en Afrique et dans le monde.