Photo : Makine F. Les lendemains d'émeutes sont toujours douloureux. La ville d'Alger s'est, hier, réveillée comme groggy. Le calme général aidant, dans les lieux publics et de travail qui ont retrouvé la sérénité des jours ordinaires on cherchait surtout à comprendre. La population vaquait normalement à ses occupations et du coté de la rue Abane Ramdane des personnes s'étaient amassées devant le Palais de justice. De nombreux émeutiers arrêtés furent présentés devant le procureur de la République. Au niveau de la place Audin, l'agence de Djezzy est resté fermée par crainte de débordements. Les étudiants ont repris les cours à la fac.«Nous regrettons cette violence», nous dit le gérant de la librairie Dominique à la rue Charras où tous les commerces sont ouverts. La foule compacte s'écoule paisiblement vers les Boulevards Hassiba ou Amirouche qui connaissent l'animation de tous les jours. Dans un café où se pressent des clients, la télévision est branchée sur El Arabiya qui évoque les derniers événements survenus au pays. LOGIQUE COMMERCIALE Au niveau des écoles, les directeurs ont retrouvé, par endroits, des établissements des lieux saccagés, pas moins de trente écoles et lycées situés pour la plupart dans la périphérie-est d'Alger. Au ministère de l'Education une cellule a été mise en place dès samedi pour procéder à des travaux dans les établissements où furent enregistrés des dégradations et des vols de matériels informatiques dans maints quartiers d'Alger où d'ailleurs ce sont les citoyens qui se sont interposés pour empêcher les émeutiers de mettre le feu à des structures éducatives. Les directions de wilayas ont été instruites pour procéder au remplacement du mobilier, des vitres cassées dans les plus brefs délais. Le début de la semaine a été aussi éprouvant pour de nombreux commerçants et organismes publics et privés qui se rendent compte de l'étendue des dégâts. «Dans les prochains jours nous nous attendons à l'arrivée de nombreux clients qui constitueront des dossiers pour le remboursement», nous affirme M. Touat, chef de service à l'agence CAAT du boulevard Amirouche. «C'est la même situation que nous vivons après chaque catastrophe, celle-ci étant une nouvelle», ajoute notre interlocuteur. Même son de cloche à l'agence SAA de la rue El Khettabi où un responsable nous indique que «le temps est au constat car au niveau des unités et magasins pillés on est en train d'établir le constat des pertes qui doivent être certifiées par un expert délégué par l'assureur avant tout dépôt de dossier». «Le demandeur doit établir une déclaration de sinistre au préalable». Tout le monde ne sera pas remboursé. Ceux qui croient que du fait que les dégâts ont touché tout le monde, l'Etat va rembourser par le biais du Trésor public se trompent. Sauf les pouvoirs publics peuvent recourir à ce genre de dispositifs par une mesure exceptionnelle. «Les assurances ont une logique commerciale», nous explique-t-on. «Il faut toujours se référer à son contrat de base où il y a une extension émeutes et mouvements populaires» qui généralement ouvre droit à 50 % de remboursement. Aucun assureur sur la place d'Alger ne garantit à 100 % les dégâts issus de ce type d'incidents. «La culture de l'assurance reste peu développée chez les propriétaires de petits magasins», remarque M. Touat qui affirme par contre «qu'il est inconcevable de trouver une grande marque ou une enseigne prestigieuse de cosmétiques ou un concessionnaire qui n'ait pas contracté une assurance tous risques». Par conséquent, seuls ceux qui ont contracté ce genre de produits ont la garantie d'être remboursés pour les dégâts subis ces derniers jours.