Atmosphère lourde et attente pleine d'incertitude, telle apparaît la région, au lendemain du scrutin électoral. Au sortir d'une longue grève ayant accompagné le scrutin électoral, la Kabylie donnait l'impression, hier, d'avoir encore «la gueule de bois». Une chaleur suffocante écrasait la région avec une mention spéciale pour le «caisson» de Tizi Ouzou, qui promet de se transformer en chaudron cet été. Outre cette atmosphère lourde et pesante, la population montre un visage fermé, comme si elle attendait quelque chose qui «ne manquera pas d'arriver». Dans les rues de Tizi-Ouzou, moins bondées que d'habitude, les gens qui arrivent à parler évoquent la crainte du futur. Que fera le mouvement citoyen? Comment répliquera-t-il? Que feront les partis majoritaires de la région? Telles sont les principales questions qui sont sur toutes les lèvres. En fait, ils veulent surtout savoir ce que la région deviendra. Pour nombre de personnes rencontrées en ville, la grosse question demeure celle d'une issue à la crise. «Comment les nouveaux élus vont-ils aider à une éventuelle solution, et surtout, le veulent-ils et le peuvent-ils? Elus avec une insignifiante marge, les députés de Kabylie ne seront en mesure de ne rien pouvoir faire». La ville qui porte les stigmates du 30 mai, n'a pas encore vraiment «récupéré», toujours comme «groggy» par la longue grève ponctuée d'émeutes et d'escarmouches, elle semble à l'écoute d'une moindre promesse de règlement à la crise du printemps noir. Elle aspire à renouer avec le calme, la stabilité et la paix en retrouvant ses enfants, tous ses enfants et principalement ceux-là qui sont encore arrêtés. Arrêtés pour avoir aimé à la passion, la région pris à bras le corps ses espoirs. Certes, des «dérapages», il y en a eu. Qui donc peut affirmer que dans les moments de colère intense, les gens les plus policés, ne se transforment pas en loups? affirment des citoyens qui ajoutent : «Il faut juste demander aux cieux que désormais, la région, qui a payé un lourd tribut à la construction de la démocratie, puisse tourner la page de la violence et aille dans les chemins plus difficiles, de l'action pacifique». D'autres personnes interviennent pour signifier que «la validation du ridicule score électoral est une insulte, non seulement, à l'intelligence humaine, mais aussi l'expression d'une haine, sinon d'un fort mépris pour la Kabylie, de la part du pouvoir...» Il y a de ces plaies et de ces béances qui demandent plus que du temps pour arriver à se refermer...