L'accord d'association conclu entre l'Algérie et l'Union européenne en septembre 2005 sera « revisité » début 2016. C'est ce qui a été confirmé, hier, à l'occasion d'une rencontre-débat initiée par la délégation de l'Union européenne et le ministère des Affaires étrangères, sous le thème « Vers une nouvelle politique européenne de voisinage, la place de l'Algérie ». « Jusque-là, la relation était purement commerciale. D'où le besoin de l'adapter aux défis de l'heure », a déclaré Ali Mokrani, directeur de la coopération avec l'Union européenne et les institutions européennes au ministère des Affaires étrangères. Il a expliqué que le but recherché n'est pas de demander « une assistance » mais une reconsidération des « priorités » de toutes les parties, et ce, en respect du principe de « gagnant-gagnant » dans tous les domaines, notamment énergétique. Cette démarche s'inscrira dans le cadre de la nouvelle Politique européenne de voisinage (PEV) qui sera effective prochainement, a indiqué, pour sa part, l'ambassadeur et chef de la Délégation de l'Union européenne à Alger, Marek Skolil, et à laquelle a « grandement » contribué l'Algérie par des propositions et de nouvelles idées exprimées par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. Il sera, donc, question de « renforcer les liens de l'Union européenne avec ses voisins, pour pouvoir faire face aux menaces planétaires ». « Si nous en sommes aujourd'hui à la révision de cette politique de voisinage, c'est que ce cadre devrait évoluer pour s'adapter aux besoins de toutes les parties. L'Algérie s'est dès le départ impliquée dans ce processus. Elle a participé par quatre points importants, dont l'encouragement de la flexibilité dans la différenciation des besoins des pays partenaires et le renforcement de l'appropriation de cette nouvelle politique. L'Algérie par ses contributions a nourri cette révision en préparation depuis plus d'une année », a fait savoir Skolil qui annonce que cette PEV sera effective à partir de l'année prochaine. Le chef de la Délégation européenne a déclaré, qu'à l'avenir, le « poids » de chaque partenaire sera respecté, en fonction des ambitions des uns et des autres. L'Union européenne a choisi des axes et des actions utiles et efficaces. Parmi ses priorités, « la stabilité » de cet espace de voisinage. « Par le passé, l'Algérie a adopté une neutralité passive dans ses relations avec l'Union européenne. Aujourd'hui, elle réclame une meilleure appréciation de ses richesses, notamment dans le domaine énergétique. Nous sommes engagés dans cette nouvelle PEV en attendant qu'elle se traduise dans les faits », a indiqué Mokrani, non sans préciser que l'Algérie souhaite que l'UE puisse à l'avenir contribuer à la diversification de l'économie nationale et au renforcement de ses capacités institutionnelles. « L'Algérie réclame sa place pleine et entière sur le plan énergétique. L'UE doit tenir compte de l'apport de l'Algérie en termes de stabilité régionale et de ses relations stratégiques en ce qui concerne les conflits politiques. La migration doit être traitée dans le cadre d'une approche globale. Devant la montée des extrémismes, il faut absolument mettre en place des mécanismes qui soient plus souples. Les Algériens doivent être considérés comme des citoyens à part entière » a souligné Mokrani, en précisant que la coopération doit faciliter également le déplacement des personnes. Skolil a rétorqué que la demande de l'Algérie « a été entendue et a même été reçue favorablement par la partie européenne ». « On peut faire mieux, notamment autour des priorités actuelles que sont la bonne gouvernance, la diversification économique et l'emploi. Il n'existe pas de divergences sur les grandes lignes. L'UE n'est pas responsable des difficultés que rencontre l'Algérie. On reconnaît le rôle important de l'Algérie dans la stabilité de la région qui a plus d'expérience que nous dans le domaine de la lutte antiterroriste. Début 2016, nous allons discuter avec l'Algérie des modalités susceptibles d'améliorer la coopération », a-t-il fait savoir, tout en reconnaissant que le problème de la migration n'est pas facile à gérer. Au plan politique, le chef de la Délégation européenne a refusé de « s'immiscer dans les affaires internes d'un autre pays », tout en tenant à souligner que l'UE « est extrêmement attachée à sa relation avec l'Algérie », en se disant respectueux des choix du gouvernement algérien à qui il reconnaît « le sérieux et la détermination à dépasser le cap de la crise économique ».