Le Conseil de sécurité a été saisi, il y a 15 jours, par l'ambassadeur irakien auprès de l'Onu, Mohammed Ali Alhakim, pour exprimer « l'inquiétude grandissante de son gouvernement » suite à cette situation « qui n'est pas encore réglée », dans une lettre transmise à l'ambassadrice américaine, Samantha Power, en sa qualité de présidente. Le signal fort de la rétractation d'Ankara, l'allié devenu encombrant, est apparu, à l'appel du président américain, Barack Obama, privilégiant les mesures d'apaisement régional nécessaire mais jugé insuffisant par la Ligue arabe qui exige le retrait pur et simple des troupes turques d'Irak. Car, au-delà du « redéploiement » d'une région à une autre banni pleinement par le ministre irakien des Affaires étrangères, Ibrahim al-Jaafari, le départ du contingent de 150 à 300 soldats basé à Ninive (nord) est l'issue attendue pour éviter d'accroître « le chaos dans la région », comme l'a précisé, lors d'une conférence de presse, le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Ahmed Ben Helli. La montée au créneau signe les paradoxes d'une alliance engluée dans les marasmes du fameux « printemps arabe » de toutes les dérives et de la prétendue lutte contre le terrorisme présentée en alibi par Ankara pour légitimer sa présence militaire sur le sol irakien. Au creux de la vague, la Turquie d'Erdogan, accusée de toutes parts de complicité avec Daech, est désignée du doigt par de nombreux pays pour son implication dans la contrebande du pétrole pillé par l'organisation terroriste de Abou Bakr El Baghdadi. Si Washington a évoqué une quantité économiquement insignifiante du pétrole acheminé en Turquie, Moscou est revenu sur ce dossier brûlant, en montrant, carte satellitaire à l'appui, les nouvelles routes du trafic pétrolier empruntées par les camions-citernes sillonnant la province syrienne de Deir Ezzor en direction de Zakho et de son fief de Mossoul, à une rive du camp de Ninive servant de base turque pour la formation des Peshmergas dans la lutte contre Daech. « Les terroristes tentent d'échapper aux bombardements russes en changeant leur logistique et en utilisant de nouveaux circuits de contrebande de pétrole brut », a réaffirmé le général Sergueï Routskoï lors d'une conférence de presse de l'état-major russe. C'est pourtant, au cœur de Ramadi (100 km à l'ouest de Bagdad), que le combat décisif est mené par l'armée irakienne plus que jamais décidée de reconquérir le bastion sunnite. Acculé dans ses derniers retranchements, Daech est en perte de vitesse, dans la province de Diyala, où une opération d'envergure a permis le démantèlement de ses réseaux et l'arrestation de 40 de ses membres. Bagdad enfin débarrassée de Daech ?