Dans le cadre des 6es JCA (Journées cinématographiques d'Alger), qui se tiennent du 4 au 8 février à la Cinémathèque algérienne à l'initiative de l'association « A nous les écrans », une conférence-débat a eu lieu, hier, autour de la critique cinématographique. Elle a été animée par des spécialistes et des universitaires nationaux et étrangers, en l'occurrence Ahmed Bedjaoui, Mohamed Bensalah, Abdelilah Eljaouhari (Maroc) et Tahar Houchi (Suisse). Chacun de ces intervenants a tenté de cerner certaines facettes de la manière de voir un film et le rôle d'un critique dans une œuvre cinématographique. Modérant cette rencontre, le réalisateur, critique et écrivain Mohamed Bensalah s'est interrogé sur l'existence d'une critique cinématographique en Algérie. « Tout d'abord, le sujet de la critique cinématographique est devenu récurent, mais personne n'a réussi à la définir concrètement selon ses différents lieux d'application, car il existe plusieurs formes de critique. La critique télévisuelle des programmes télévisuels n'est pas la même que la critique cinématographique. La critique en ciné-club, dans le cadre de la projection d'un film, est différente de la critique universitaire », a-t-il affirmé. « Il faut une formation élitiste. En clair, on ne peut pas faire de cinéma si l'on n'a pas de critiques », a-t-il ajouté. Pour sa part, le réalisateur et scénariste marocain Abdelilah Eljaouhari a évoqué le cas de son pays. « Au Maroc, la critique cinématographique a connu plusieurs étapes. Dans les années 1960 et 1970, le Maroc a vécu un mouvement fécond notamment dans la critique cinématographique, et ce, malgré la faible production cinématographique. Tandis que dans les années 90, le Maroc a connu un renouveau dans le cinéma. Ce qui n'est pas le cas dans la critique. Cette dernière a d'ailleurs beaucoup régressé. Fort heureusement, les choses ont commencé à changer, et ce, grâce au changement politique au Maroc, une production cinématographique prolifique et même un grand développement dans le domaine de la critique par rapport à d'autres pays arabes. A mon avis, il faut une volonté politique pour redynamiser ou encore créer un pôle culturel en général et cinématographique en particulier. » Pour l'écrivain et figure de cinéma Ahmed Bedjaoui, « le critique est le médiateur entre trois éléments, à savoir l'œuvre, l'auteur et le public ». « Nous avons un cinéma virtuel. Nous avons, en effet, un cinéma qui n'arrive pas à son public, un film existe lorsqu'il est présenté au public et qu'on voit par la suite. C'est comme ceux qui rangent des livres sur les étagères et qu'ils ne les lisent jamais. A mon humble avis, il est nécessaire de reconstituer les métiers de cinéma. Il faut redonner à la société civile le rôle de faire du cinéma. » De son côté, le journaliste, critique et fondateur et directeur artistique du FIFOG (Festival du film oriental de Genève), Tahar Houchi, relatera une boutade qu'il voit significative. « En Algérie, lorsqu'un garçon aborde une fille, qui ne lui répond pas pour diverses raisons, il l'engueule parce qu'il n'a pas compris sa position. C'est ce qui se passe au cinéma car les gens ont honte de visionner un film. La critique cinématographique, c'est d'être doté d'outils d'analyse qui permettent d'approcher la visibilité du film », dira-t-il