Les partenaires sociaux sont divisés par rapport à la décision du ministère de l'Education nationale d'organiser, fin juin, des examens de rattrapage pour les élèves des trois cycles, qui auront obtenu une moyenne entre 4 et 4,99 sur 10 dans le cycle primaire et entre 9 et 9,99 pour les élèves notés sur 20. Si certains ont accueilli favorablement cette mesure, d'autres y voient une contradiction avec le projet de la ministre visant la mise en place d'une école de qualité. Pour le chargé de communication du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapest), cette décision n'est pas réfléchie. Messaoud Boudiba a soutenu que l'organisation de cet examen à la fin de mois de juin coïncidera avec la correction des copies du bac. « Je me demande comment nous allons faire pour corriger les copies des examens et préparer les examens de rattrapage ? », s'interroge-t-il, affirmant que l'objectif d'une telle mesure est flou. « Si on veut améliorer la qualité de l'enseignement, il suffit de prendre en charge la fiche d'évaluation. Le ravail sera accompli au niveau des conseils des classes », a-t-il suggéré. Boudiba a estimé aussi que cette mesure est en contradiction avec le principe de l'école de qualité que la ministre veut mettre en place. Effet pernicieux Le SG du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef) bonde dans le même sens. Boualem Amoura a souligné que cette décision, au vue de la conjoncture actuelle marquée par un niveau scolaire faible, est un « pas dans le mauvais sens » dans le processus visant à mettre sur pied une école performante. « Cela démontre clairement que nous sommes loin de cette l'école publique de qualité que la ministère souhaite instaurer », a-t-il estimé, et d'ajouter : « C'est du bricolage qui vise à acheter la paix sociale ». Selon lui, une école de qualité exige plusieurs principes, dont le maintien à 10 la note d'admission au palier supérieur. Mais pour l'organisation de ces rattrapages, fin juin, le SG du Satef n'y trouve pas d'inconvénients, puisque l'examen ne concernera pas tous les élèves. Il faut dire que ce syndicat est contre l'établissement de la fiche d'évaluation. Selon son SG, celle-ci ne peut pas déterminer le niveau réel de l'élève. Pour le SG du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), Idir Achour, cette décision, qu'il a qualifiée de rafistolage, aura un effet pernicieux. « Le rattrapage mettra désormais les enseignants dans une logique de gonfler les notes pour éviter l'examen. Nous ne sommes pas dans une logique universitaire pour que la ministère opère de cette manière », a-t-il noté. Selon lui, le redoublement ne peut être combattu que par l'amélioration du niveau scolaire des élèves, la formation des enseignants et l'organisation de concours de recrutement de qualité. Il a rappelé que le rachat se fait d'une manière indirecte au niveau des conseils des classes où plusieurs élèves ayant une moyenne proche de 10 sont admis après l'aval des enseignants. Une deuxième chance... A l'opposé, le coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) a salué cette décision. Meziane Meriane a affirmé qu'elle permettra de donner une seconde chance aux élèves. « Pourquoi exclure un élève qui a obtenu 9,99 de moyenne ? », s'est-il demandé. Pour lui, la période choisie, fin juin, pour le déroulement de l'examen est idéale. « L'élève connaîtra son sort avant la rentrée scolaire », indique-t-il. Approbation, également, du côté des parents d'élèves. Pour le président de l'association des parents d'élèves, Khaled Ahmed, « c'est une bonne initiative. Nous n'avons jamais cessé de le revendiquer. Cela va permettre de récupérer les élèves dont le niveau n'est pas catastrophique mais qui, pour des raisons extrascolaires, n'ont pu avoir la moyenne de 10 », a-t-il précisé. Et de soutenir que le timing choisi par la ministre, pour la date de rattrapage, arrange les affaires et des élèves et des enseignants.