Les syndicats de l'éducation nationale ne sont pas contre l'idée suggérée récemment par le ministre de tutelle, Abdelatif Baba Ahmed, d'aller vers une deuxième session au baccalauréat. Ils émettent toutefois des réserves. Pour le Conseil des lycées d'Algérie (CLA), représenté par Idir Achour, le syndicat a toujours plaidé pour une deuxième session au baccalauréat mais que celle-ci soit soumise à deux conditions : la première est que le candidat ait une moyenne de plus de 10/20 au cours de l'année scolaire et une moyenne oscillant entre 9/20 et 9,99/20 dans l'examen final. Les notes de l'élève et son comportement mentionnés sur une fiche de synthèse. D'autre part, cette session doit avoir lieu le mois de septembre. «Ce sera vraiment de la bêtise d'organiser une session de rattrapage quatre jours seulement après la première session. Cela n'a pas de sens. Une deuxième session se déroule en septembre et non pas en mai», soutient notre interlocuteur. Et ce dernier d'insister : «D'ailleurs, nous demandons à ce que cette deuxième session au baccalauréat ait lieu cette année (septembre 2014) au lieu d'attendre 2015. Nous sommes déjà en retard.» Autre chose : «Cela doit remplacer l'option de deux sujets dans chaque matière. Le choix entre les deux sujets perturbe sérieusement les candidats.» Par ailleurs, assure le représentant du CLA, en ce qui concerne les conditions pour être accepté à la deuxième session : «La fiche de synthèse est très importante. Elle permet au candidat d'être assidu et cela aide aussi à lutter contre l'absentéisme.» Idir Achour précise, à ce sujet, que l'absentéisme chez les élèves de terminale est un phénomène qui va en croissant, notamment en raison des cours particuliers : «Les cours particuliers sont devenus prioritaires et ce en classes secondaires.» Par conséquent, d'une pierre deux coups : «Lutter contre l'absentéisme et contre les cours particuliers.» Messaoud Boudiba du Cnapest (Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) abonde dans le même sens : «Les élèves quittent déjà les classes. Ils ont leurs cours particuliers et pensent que c'est plus important que ce qui est dispensé en classe.» Concernant justement la session de rattrapage, le représentant du Cnapest affirme que la déclaration du ministre est inopportune en ce moment. C'est une décision «politique» qui peut avoir des conséquences assez lourdes sur le déroulement du baccalauréat 2014 avant celui de 2015 : «Ce n'est pas du tout le moment de faire une déclaration du genre». «Cela risque de déstabiliser davantage les candidats au baccalauréat 2014 qui pourraient bien réclamer le rattrapage pour cette année même (2014). Cette déclaration, à notre sens, ramène plus d'instabilité que de quiétude.» Sur un autre plan, «nous sommes contre ces décisions qui viennent d'en haut. Il faudrait d'abord discuter avec toutes les parties et sortir avec des propositions concrètes. Si c'est la meilleure, nous l'adopterons et nous assumerons les conséquences». Pour le coordinateur du Snapest (Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique), Meziane Meriane, «il ne faut pas voir en cette deuxième session une offrande ou un cadeau mais plutôt une chance aux élèves qui ont 9,50/20 à 9,99/20 lors de la première session». D'un autre côté, à l'exemple de ses collègues du CLA et du Cnapest, il pense que «l'utilisation de la fiche de synthèse permet de réduire les absences et la violence durant l'année scolaire». Le Snapest, indique son représentant, a toujours réclamé une deuxième session au baccalauréat depuis la suppression du rachat. Cela ne ressemble-t-il pas justement au rachat alors que le niveau des élèves ne cesse de diminuer ? «Ce sont les questions qui vont déterminer le niveau. Il faut maintenir le niveau de la première session», affirme-t-il. * K. M.