L'ambitieuse Chinese Super League (CSL) a déboursé 331 millions d'euros, selon le site Transfermarkt, pour s'attacher les services de 163 nouveaux joueurs, battant au passage à quatre reprises le montant record pour un transfert en Asie. Surtout, pour la première fois de l'histoire du football, elle a éclipsé le marché européen, et notamment la toujours gourmande Premier League anglaise (253 millions « seulement »). La CSL a ainsi raflé, au nez et à la barbe des géants anglais Liverpool et Chelsea, les attaquants brésilies Alex Teixeira (50 millions d'euros) et colombien Jackson Martinez (42 millions d'euros). Elle a aussi attiré l'Argentin Ezequiel Lavezzi (ex-Paris SG), le Brésilien Ramires (ex-Chelsea) ou encore l'Ivoirien Gervinho (ex-AS Rome). Et ses joueurs ne passent pas inaperçus à l'international, à l'image de Gil (Shandong Luneng) et Renato Augusto (Beijing Guoan), sélectionnés jeudi avec le Brésil pour affronter l'Uruguay et le Paraguay à la fin du mois pour les éliminatoires du Mondial-2018. Une stratégie payante sur les terrains ? La saison 2016, qui devrait voir un duel au sommet entre le champion de Chine et d'Asie Guangzhou Evergrande, entraîné par l'ancien sélectionneur du Brésil Luiz Felipe Scolari, et le Shanghai SIPG de Sven-Goran Eriksson, le dira. Auprès du public, en tout cas, le pari est réussi. « Tout le monde en Chine parle de la Ligue, les collègues de travail, les amis, même les personnes âgées dans la rue », constate Ma Zheng, 33 ans, supporteur de Shanghai. « Nous avons le sentiment que le football chinois va de nouveau être intéressant, alors que les Chinois le regardaient de haut depuis de longues années. » Paillettes La « nouvelle » CSL, attractive et glamour, a su faire oublier son image de championnat corrompu, après un scandale de grande ampleur qui a coûté la tête de nombreux officiels, arbitres et joueurs en 2010. Depuis, les propriétaires de clubs ont appliqué à la lettre les consignes de recrutement ambitieux dictées par les autorités, jusqu'au président chinois Xi Jinping, fan déclaré du ballon rond, qui espère voir son pays organiser un jour, puis gagner, un Mondial. Mais les paillettes n'occultent pas tout à fait les inquiétudes. Hong Kong a interdit les paris sur le championnat chinois, évoquant des doutes sur « sa transparence, son intégrité et sa compétitivité ». Les fans chinois s'interrogent, eux, sur les conséquences de cette boulimie de joueurs étrangers, surtout Sud-Américains, sur le vivier national, alors même que la Chine est à la traîne sur la scène internationale (elle ne s'est qualifiée qu'une fois pour la Coupe du monde, en 2002, et est en ballottage défavorable pour le Mondial-2018). « Je suis heureux de voir de plus en plus de joueurs célèbres venir en Chine et améliorer le niveau de notre Ligue, mais je me demande s'ils ne vont pas empêcher les Chinois de passer plus de temps sur le terrain », s'inquiète ainsi Li Jun, employé de bureau à Pékin.