Le nouveau modèle économique de croissance que le gouvernement compte mettre en place prochainement devra consacrer une place prépondérante au secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC). C'est ce qu'ont recommandé, hier, deux experts en TIC, Roudouane Hamza d'Altair INC Canada et Malik Si Mohammed de l'université de Toulouse. Invités à animer la conférence organisée par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care) sous le thème « Quelle infrastructures pour l'aménagement numérique du pays ? », les deux experts ont fait observer que des changements devront être opérés pour redynamiser la croissance économique. Il ressort également de leurs interventions qu'il est nécessaire d'orienter les efforts vers le développement d'une économie numérique. Selon Redouane Hamza, au niveau des marchés mondiaux financiers, les entreprises numériques sont celles qui ont la plus grande capitalisation et elles sont de forte valeur ajoutée. En Algérie, a-t-il dit, l'espace numérique offre « d'immenses opportunités » mais qui ne sont pas suffisamment exploitées. Il ne s'agit pas de problème de moyens, a-t-il dit, mais « de bonne gouvernance ». Et d'enchaîner : « force est de constater que malgré de réelles avancées et la volonté politique de faire des technologies d'information, non seulement un outil mais également un levier économique à part entière, l'Algérie peine à tirer pleinement profit de ses potentialités pourtant reconnues ». Il dira« qu'outre les ressources humaines qui sont loin d'être négligeables, des moyens financiers importants ont été consacrés à ce secteur, entre autres, pour la fibre optique, mais les résultats sont en deçà des attentes. Malgré toutes ces potentialités, nous n'arrivons pas à placer un système numérique ». Le nombre de centres de données (Data Center) à l'échelle nationale ainsi que la quasi disparition des providers sont, d'après lui, « révélateurs de la pauvreté numérique du pays. » Il a relève que si ce secteur peine à se développer, c'est parce qu'il y a « une forme de rigidité dans nos processus de gestion et dans notre forme d'organisation, due essentiellement à l'incohérence de la réglementation ». De son côté, le professeur Malik Si Mohamed a mis en relief le rôle du numérique dans le développement économique. « Le numérique est transversal dans tout modèle économique. Nous sommes obligés de concevoir une vision intégrant les TIC au niveau de l'écosystème de l'entreprise ». Selon lui, depuis le lancement des TIC, des avancées ont été enregistrés notamment sur le plan infrastructurel, l'évolution de la téléphonie portable mais beaucoup reste à faire en matière de développement du contenu local qui est « quasiment inexistant », de déploiement de l'ADSL et d'amélioration du débit de l'internet qui reste « lent ». Evoquant Algérie Télécom en tant qu'opérateur dominant, l'expert estime qu'il doit se consacrer à la construction d'une infrastructure numérique et « ne devra pas être en compétition dans un secteur qu'on veut dynamiser ». Il va sans dire que par manque de gouvernance, les stratégies et projets engagés n'ont pas été concrétisés, citant entre autres, le projet Ousratic, l'e-économie, l'ouverture du capital d'Algérie Télécom. « Aucun projet innovant n'a été financé alors que les fonds existent ». Pour lever les blocages, il recommande d'élaborer une vision à long terme, de libérer le secteur de l'approche administrative et de revoir profondément le système de gouvernance.