De nombreuses organisations patronales soutiennent que la conjoncture actuelle marquée par une situation macroéconomique fragilisée par l'effet de la chute des cours du pétrole interpelle tout un chacun et la mobilisation de tous. L'objectif étant de redynamiser l'économie nationale et diversifier les ressources. La fête internationale des travailleurs, qui intervient cette année dans un contexte économique et financier peu particulier, voire délicat, constitue une occasion pour ces organisations patronales de se situer et de faire le point sur le climat des affaires dans lequel évolue aujourd'hui l'entreprise algérienne. Le patronat converge sur la nécessité de sensibiliser aussi le monde du travail afin de conjuguer les efforts.Pour le président-directeur général des NCA Rouiba, Slim Othmani, la journée du 1er mai constitue une opportunité pour rappeler aux travailleurs les vertus du travail et son « impact important » sur l'économie nationale. « L'économie d'une nation dépend de la performance de la productivité », a-t-il dit, ajoutant que « l'existence de l'entreprise est le fait du travail de ses ouvriers ». Pour ce chef d'entreprise, il est impératif qu'il y ait une prise de conscience chez les travailleurs et les patrons pour un développement durable. Les mentalités doivent changer, de son point de vue, dans le sens où le monde du travail devra sortir du système rentier. « L'entreprise a évolué jusque-là dans un contexte où l'Etat a été paternaliste et venait à son secours systématiquement ainsi qu'au secours des populations défavorisées à travers les mécanismes de subventions », a-t-il indiqué. D'après lui, avec les bouleversements économiques qui s'annoncent, l'entreprise algérienne ne sera plus assistée comme elle a été auparavant. « L'entreprise doit se prendre réellement en main », a-t-il souligné. « Nous rentrons de plain pied dans l'économie mondiale. Nous devons travailler et améliorer notre production et notre productivité pour pouvoir faire face à la concurrence. Nous n'avons pas d'autres choix. L'échelle des valeurs mondiales font qu'aujourd'hui nous ne pouvons pas vivre en autarcie. » Pour y arriver, il faut instaurer, d'après lui, un cadre de solidarité entre le monde du travail et des entreprises. Dans ce contexte, « il faut une relation beaucoup plus équilibrée entre le monde du travail et celui des patrons d'entreprise ». Il va sans dire « qu'actuellement la partie se joue en défaveur de l'entreprise et cela a des conséquences graves sur la protection sociale des travailleurs puisque beaucoup d'entrepreneurs sous-déclarent ou ne déclarent pas leurs employés ». D'où l'impératif de revoir, selon lui, le code du travail « qui met les travailleurs en situation de rente ». L'heure est au travail, a soutenu Abdelaziz Mehenni, président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa). « Les travailleurs doivent se retrousser les manchespour relever le défi de la relance économique », a-t-il affirmé. La solidarité nationale devra être de mise, a-t-il affirmé. Il ajoutera « qu'en confortant le rythme de la productivité, l'économie nationale sera plus forte et performante ». Pour Naït Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), sans le travail, il ne peut y avoir de développement. Ainsi, il plaide pour des politiques consensuelles qui « permettront d'encourager l'investissement et le développement des entreprises et de sauvegarder les acquis des travailleurs et des chefs d'entreprise ». Le code du travail, actuellement soumis aux partenaires sociaux pour enrichissement, œuvre, d'après lui, au maintien de la stabilité sociale. Pas de stabilité sociale sans performance des entreprises Pour le chercheur au niveau du CREAD (Centre de recherche en économie appliquée pour le développement) spécialisé dans le domaine de l'entreprise, Abdou Abderrahmane, « les acquis sociaux ne peuvent être préservés en l'absence de richesse. La stabilité sociale est assurée par la performance et la rentabilité de l'entreprise ». L'expert prône « la mise en application réelle du pacte économique de croissance ». « Nous ne sommes pas, certes, dans la même situation des années 80 durant laquelle des licenciements ont été opérés, mais le risque existe », a-t-il dit.