L'exécutif européen a donné, hier, son feu vert pour que les citoyens turcs n'aient plus besoin de visas pour entrer dans l'UE. C'était l'une des contreparties proposées par l'Union européenne (UE) en échange du soutien de la Turquie dans la crise des migrants. La Commission européenne a proposé d'exempter de visas les Turcs voyageant dans l'espace Schengen, sous certaines conditions, dans le cadre de l'accord scellé le 18 mars entre l'UE et la Turquie sur la gestion de la crise migratoire. La mesure, très attendue du côté turc, était en préparation depuis plusieurs jours. Les critères devraient cependant être conséquents : 72, selon un rapport rendu public par Bruxelles. Ce dernier rend compte des progrès de la Turquie pour remplir ces critères techniques et juridiques (registre d'état civil, passeports biométriques, régime de droit d'asile, etc...) imposés par l'Europe avant d'accorder la libéralisation des visas. Parmi ces 72 critères à remplir pour rendre la mesure possible, Ankara doit encore en respecter cinq « d'ici à la fin juin », a expliqué lors d'une conférence de presse le vice-président de la Commission, Frans Timmermans. Il a notamment cité une meilleure lutte des autorités turques contre la corruption, la négociation d'un accord avec Europol ou encore une révision de la législation du pays sur le terrorisme. Le gouvernement turc avait fait monter la pression ces dernières semaines, menaçant de ne plus appliquer sa part de l'accord migratoire du 18 mars, si la « promesse » européenne d'une exemption de visas n'était pas tenue. Cet accord controversé prévoit que tous les nouveaux migrants arrivant sur les îles grecques soient renvoyés vers la Turquie, y compris les demandeurs d'asile. La Commission européenne a également autorisé, hier, la prolongation exceptionnelle pour six mois des contrôles aux frontières intérieures de cinq pays de l'espace Schengen, une mesure qui devra être ensuite soumises aux 28 Etats-membres de l'UE. Ces mesures dérogatoires à l'accord de libre-circulation de Schengen avaient été introduites l'an dernier face à la pression migratoire. Les pays concernés par la prolongation sont l'Allemagne, l'Autriche et trois pays scandinaves (Danemark, Suède, Norvège), a précisé Dimitris Avramopoulos, le commissaire européen à la Migration. La Commission européenne a, par ailleurs, proposé d'instaurer « une contribution de solidarité » pour tout pays refusant la répartition automatique des demandeurs d'asile dans l'UE, qui s'élèvera à 250.000 euros par personne, dans le cadre d'une révision du règlement Dublin. Cette somme de 250.000 euros sera versée au pays qui accueillera une personne à la place de l'Etat membre refusant les demandeurs d'asile, a expliqué l'exécutif européen, en présentant une révision du règlement de Dublin qui fait le plus souvent peser sur le pays de première entrée la responsabilité d'une demande d'asile.