Outre les chefs d'Etat des 4 pays voisins (Bénin, Cameroun, Niger et Tchad), le président français, François Hollande, le ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond, et le sous-secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, sont attendus à un sommet international sur la sécurité qui se tient à Abuja, en présence de l'Union africaine et des communautés économiques d'Afrique de l'Ouest et centrale. Fort d'un soutien international incontestable, le combat sans répit mené par le président nigérian, Muhammadu Buhari, promettant d'en finir avec la menace terroriste à son arrivée au pouvoir il y a un an, a permis des avancées notables qui laissent à penser que la fin de Boko Haram est proche. « Techniquement défait », selon le président nigérian, le mouvement insurrectionnel, en recul dans les principales villes, n'en reste pas moins opérationnel, notamment à partir de son bastion de Sambisa (nord-est) où il a poursuivi le cycle des attentats suicides. Deux jours avant la tenue du sommet, le jeudi 12 mai, Boko Haram a encore sévi à Maiduguri (2 morts et 24 blessés dans une explosion), la plus grande ville du nord-est, pour exprimer une capacité de nuisance restée intacte. Le temps de la solidarité A Abuja, l'enjeu réside essentiellement dans la consolidation des acquis obtenus sur le terrain des « opérations militaires ». Tous les partenaires internationaux du Nigeria en conviennent : le temps de la solidarité, qui a largement fait défaut jusque-là, est venu pour vaincre Boko Haram « affaibli », selon le secrétaire d'Etat adjoint américain, Anthony Blinken. Face à la globalisation de la menace terroriste, clairement traduite par le redéploiement de la nébuleuse d'El Qaida et de Daech au Sahel, en Somalie et en Libye, la riposte impose un front uni pour traquer le mouvement insurrectionnel replié aux frontières du Cameroun, du Niger et sur les contours du lac Tchad. « Nous sommes extrêmement attentifs à tous ces liens... (...), car nous voulons en venir à bout », a déclaré Blinken. L'idée d'une force militaire, soutenue par l'Union africaine, fait son chemin. Annoncée en juillet dernier, elle pourrait prendre forme au sommet d'Abuja pour garantir une meilleure coordination entre les composantes de cette force régionale composée de 8.500 hommes originaires du Nigeria et des pays frontaliers. Le défi est surtout africain pour lutter globalement et efficacement contre la menace commune. Le cas de la Côte d'Ivoire, frappée de plein fouet le 13 mars par une attaque de grande ampleur à Grand-Bassam, incite à une réponse collective devenue incontournable. De leur côté, la Guinée et le Libéria ont décidé de renforcer leur coopération sécuritaire. Mais l'engagement international, mû par les exigences d'un combat commun, est tout aussi important. Il se concrétise par la livraison d'une douzaine d'avions militaires au Nigeria par les Etats-Unis, la formation des unités spéciales assurée par la Grande-Bretagne et une meilleure coopération de la France dans le domaine des renseignements. Dans le drame nigérian, provoqué par un conflit qui a fait plus de 20. 000 morts et 2,6 millions de réfugiés, la dimension humanitaire est présente dans les débats. Fortement touché par les violences incessantes dans le nord-est, l'Etat de Borno a évalué ses besoins à hauteur de 5,9 milliards d'euros pour reconstruire les habitations et les infrastructures, totalement détruites.