Le basculement de l'Egypte de Moubarak est incontestablement le grand tournant pour le Moyen-Orient soumis à l'épreuve décisive des réformes devenues inéluctables. Au cœur de tous les enjeux, la question démocratique façonne le destin de la région soumis au défi impérial lancé par Bush et relayé par Obama innovant dans son refus de l'interventionnisme et du recours à la force. Le GMO du «chaos constructif» dont l'Irak est un cas d'école est la marque déposée de l'Empire travaillant au démembrement et à l'affaiblissement des Etats arabes pris dans les mailles des antagonismes politiques, confessionnels et/ou communautaires. Sous les alibis démocratiques et humanitaires, les nouveaux maîtres du monde, assoiffés de sang et de pétrole, ont lancé le siècle néo-colonial aux antipodes des idéaux de liberté et de progrès. Toutes formes de résistance bannies, la mondialisation sanguinolente est l'expression dans sa forme la plus barbare de la domination des marchés et du pillage des richesses des peuples opprimés. Fallait-il verser dans la fatalité de la décadence arabe ? Une autre alternative est vraiment possible. De Tunis au Caire, la déferlante démocratique a surpris fortement les capitales occidentales inquiètes des retombées stratégiques de la marche en avant et du choix souverain des peuples arabes. Au GMO de l'aventure impériale, la place Tahrir et les rues tunisiennes ont opposé le nouveau moyen arabe démocratique porteur d'espoirs de changement pour une vie digne et libre. La césure est faite. Elle l'est dans cette forme de duplicité largement exprimée par la caution de la France de Sarkozy avec le régime de Ben Ali et, aussi, l'ambivalence de l'Amérique d'Obama ébranlée par les incertitudes de l'après Moubarak. Elle l'est davantage dans la rupture avec la perte de crédibilité et d'influence de l'Occident resté sans voix et à l'état d'impuissance. La révolution démocratique a marqué son espace vital et ébranlé dans ses fondements l'empire de la prédation et des tendances génocidaires. En son épicentre égyptien, le nouvel ordre régional marque le début du processus de refondation de l'équilibre régional qui profite à la renaissance arabe et au camp de la résistance. La pax américana, tournée essentiellement vers la défense de la «sécurité d'Israël», en danger de révolution ?