Un fumigène jeté lors de la célébration d'une fête d'anniversaire serait à l'origine de l'incendie du port de Sidi Fredj, qui a ravagé 13 embarcations de plaisance (hors-bord) dont deux grands yachts et un voilier, selon le propriétaire du bateau « Tassili », spécialisé dans les balades en mer, témoin oculaire. Hier, les témoignages sur l'incendie gigantesque, le premier du genre dans ce lieu, étaient contradictoires. Il s'est déclaré samedi vers 23h au niveau d'un bateau de plaisance au port de Sidi Fredj. Aussitôt alertée, la Direction générale de la Protection civile (DGPC) a mobilisé quatre unités d'intervention. « Onze camions anti-incendie et trois ambulances médicalisées ont été mobilisés dans le dispositif d'intervention. Les sapeurs-pompiers ont été confrontés à plusieurs difficultés, notamment l'accès difficile au quai, lieu du sinistre, situé à l'extrémité du port. « Les grands vents qui ont soufflé dans la nuit de samedi ont entravé le travail des équipes d'intervention, qui ont fini par circonscrire les flammes et éviter ainsi leur propagation vers les infrastructures sensibles du port, notamment la station de services Naftal, le complexe touristique et la façade maritime », a précisé le sous-directeur de l'information et des statistiques auprès de la DGPC, le colonel Farouk Achour. Le bilan est lourd : 13 bateaux détruits. Témoignages contradictoires sur l'origine du feu A notre arrivée sur les lieux hier vers 10h du matin, des cadres de la Protection civile étaient déjà sur place, à leur tête le directeur de l'organisation et de la coordination des secours (DOCS), pour s'enquérir de la situation. Les plongeurs de l'unité marine de la Protection civile poursuivaient le balayage en mer. « Cela permettra d'arrêter le bilan final des bateaux détruits », a précisé le colonel Farouk Achour. Les flammes se sont étendues au béton du quai, détruit partiellement, a-t-on constaté sur place. Le quai a été interdit d'accès par les enquêteurs de la police scientifique, qui se sont déplacés dans la matinée afin de collecter les indices pour déterminer l'origine de cet incendie. Alors que l'enquête venait d'être entamée, des responsables du complexe touristique de Sidi Fredj ont affirmé que « l'incendie a été provoqué par un court-circuit électrique ». Les propriétaires des bateaux, présents sur place, ont déclaré n'avoir pas encore été auditionnés. Cependant, leurs témoignages sont contradictoires. Le propriétaire d'un bateau de plaisance complètement incendié, un jeune investisseur de l'Est, a raconté qu'il a été alerté par ses amis. « Quand je suis arrivé, mon bateau était complètement détruit. Des jeunes présents au moment de l'incendie ont réussi à évacuer plusieurs embarcations amarrées. Selon certains témoignages, le premier bateau a pris feu suite à un court-circuit. Son propriétaire était en train de charger une batterie, ce qui a provoqué un feu qui s'est propagé au câble. Afin d'éviter la propagation des flammes à la station Naftal située à proximité, il a lâché le bateau, poussé par le vent vers le quai, où étaient en rade plus d'une trentaine de bateaux », a-t-il raconté. Un agent de sécurité présent sur les lieux a affirmé qu'il a vu un bateau en feu qui se dirigeait vers le dernier quai. Un grand feu s'est déclaré par la suite. Les pompiers ont commencé en premier lieu par sauver les bateaux en rade. « Il n'y avait pas de visibilité et on ne voyait que les flammes », a-t-il confié. Une journaliste résidant dans ce complexe a raconté, pour sa part, que l'incendie a créé une grande panique. « Il y avait encore des familles dans les salons de thé et au bord de la mer. C'était la panique. On croyait que tout le port avait pris feu. Heureusement qu'il n'y a pas eu de pertes humaines », a-t-elle dit. Le propriétaire du « Tassili » privilégie « la piste de la négligence humaine ». A une question sur l'indemnisation, notre interlocuteur a signalé que les assurances maintiennent un barème qui n'arrange pas les victimes. « J'ai payé cette embarcation 360 millions de centimes mais eux, ils calculent sur la base de 150 millions de centimes », a-t-il martelé. Appuyant son témoignage, un propriétaire d'un bateau de plaisance, qui était à quelques mètres du lieu de l'incendie, a affirmé qu'une bougie est tombée sur la moquette et a provoqué le feu. Le bateau en cause est identifié par les témoins. Un port saturé La majorité des propriétaires des bateaux incendiés sont des gérants d'hôtels à Staouéli et à Chéraga et des boîtes de nuit situées au centre et à l'ouest de la capitale. Il s'agit de bateaux de plaisance et deux grands yachts et d'un voilier. Il est à signaler que le port de Sidi Fredj n'arrive pas, ces dernières années, à faire face au nombre croissant de bateaux de plaisance. D'une capacité de 400 places, le nombre de bateaux amarrés dépasse les 650. Les propriétaires des bateaux sauvés ont saisi l'occasion pour se plaindre du manque de commodités dont l'absence de raccordement à l'eau et à l'électricité. « Nous payons le prix de l'amarrage. La direction du complexe nous a imposé de nouveaux tarifs, des augmentations de 10 à 20%, mais sans pour autant améliorer les conditions », ont-ils déploré.