L'historien Mohamed El Korso estime que le Congrès de la Soummam constitue un élément fondateur de notre histoire révolutionnaire après la Déclaration de Novembre 1954. Il est intervenu pour mettre en place les assises de la Révolution algérienne. Il lui a donné un nouveau souffle en réorganisant le mouvement national. « La Révolution a été l'œuvre de quelques personnes, qui, par la suite, est devenue une œuvre commune à tout le peuple algérien. Ce congrès a été simplement le tournant décisif de la Révolution algérienne, étant donné qu'il avait mis la Révolution sur les bons rails. Il a unifié le mouvement armé et c'est autour du Congrès de la Soummam que tout, par la suite, va se construire », affirme-t-il. El Korso tient à préciser que les conflits de leadership, qui avaient par moments une dimension subjective, n'étaient rien devant la finalité de ce congrès, à savoir l'indépendance. La mise en place des institutions politico-militaires de la Révolution algérienne avait déclenché le déclic. Celui d'engager la lutte armée pour le recouvrement de la souveraineté. Un défi que les révolutionnaires avaient honoré à l'unanimité par souci de libérer les Algériens du joug colonial. Selon El Korso, les bases du futur Etat algérien ont été jetées un certain 20 août 1956. La collégialité, la démocratie dans la décision, le fonctionnement du Parlement, le choix et la désignation des responsables sur les plans politique et militaire sont autant de principes consacrés par cet événement phare de notre Révolution. Le 1er novembre 1954 avait besoin d'une note supplémentaire et le Congrès de la Soummam a été l'élément qui manquait. Entre-temps, les acteurs de la Révolution s'étaient forgés d'une expérience sur le terrain. Ce qui leur a permis de changer de cap et de prendre le chemin des armes afin d'apporter des correctifs aux structures premières de l'ALN. Cette date a-t-elle été perçue à sa juste valeur par les nouvelles générations ? El Korso estime qu'en réalité, on fait un procès à la jeune génération de l'après-indépendance alors que la méconnaissance de l'histoire n'est pas le propre des Algériens. C'est vrai, le rapport devrait être très fort avec notre Histoire, sauf qu'il y a eu « de la manipulation et des déformations des faits historiques » ayant engendré un manque de confiance qui fait que les jeunes ne se reconnaissent pas dans cette histoire qui est portée par les mêmes, par ceux qui ont fait la révolution et qui font de la politique actuellement. Heureusement que l'écriture de l'histoire se fait actuellement par les universitaires et les spécialistes en la matière. Des études très sérieuses ont été faites dans ce sens. Elles posent des questions fondées sur les porteurs de l'histoire. Car pour connaître notre Histoire, il faudrait d'abord poser les bonnes questions. Nos jeunes, dira-t-il, à force d'avoir écouté des discours rébarbatifs et contradictoires, sont désorientés. D'où le besoin de leur inculquer les fondements de notre glorieuse Révolution, argument à l'appui, dès leur jeune âge. Il faudrait aussi s'astreindre à une stricte objectivité notamment en termes d'écriture historique. Tout Etat a une histoire officielle. Il est important qu'elle soit le plus proche de la réalité, conclut-il. « L'Algérie, le seul pays qui a donné naissance à ses institutions pendant la Révolution » L'historien Madini Bachir partage le même avis puisqu'il certifie que le Congrès de la Soummam a été une étape décisive de notre Révolution. Ce fut un passage obligé pour le cours des événements. L'étape de l'organisation qui s'imposait après un long combat. Le 20 août 1956, c'était aussi la célébration du premier anniversaire du 20 août 1955, date des attaques massives dans le Nord-Constantinois. C'est à l'occasion de ce congrès que des choix déterminants ont été pris dans l'ambition de restructurer la Révolution algérienne. Madini tient à rappeler que cette rencontre s'était étalée sur presque trois semaines. Ce qui a permis l'émergence d'une réflexion commune, celle de mettre en place les institutions de la Révolution. Un Etat devait être créé lors de ce congrès, souligne encore Madini avant de préciser que le Conseil national de la révolution algérienne (CNRA) a été érigé comme étant le Parlement de la Révolution. L'Exécutif était représenté, quant à lui, par le Comité de coordination et d'exécution, CCE. Des communes, des régions militaires et des mouhafadhate ont été également créées à l'occasion. Le rôle de la femme algérienne et des organisations de masse n'ont pas été aussi en reste. Le Congrès de la Soummam fut ainsi une étape décisive qui avait organisé la Révolution algérienne dans tous les sens. Madini a souligné que chaque décision avait son poids. Le principe de la primauté de l'intérieur sur l'extérieur, du politique sur le militaire ont engendré quelques déchirures pendant la Révolution. Pour le reste, toutes les recommandations de ce congrès ont été objectives. L'Algérie, signale-t-il, est le seul pays ayant donné naissance à ses institutions pendant la guerre de Libération. C'est à l'occasion de ce congrès historique que s'est formé son premier parlement démocratique et ses instances de décision. Madini reste convaincu que la Révolution algérienne représente une source d'inspiration majeure pour bon nombre de nations.