Le mardi de la semaine écoulée s'est tenue une réunion du Conseil des ministres exceptionnelle pour la teneur des mesures qu'elle a permis de préconiser sur plusieurs plans. Même si la décision de levée de l'état d'urgence a été mise en vedette pour ce qu'elle représente dans ses dimensions politique et sécuritaire en termes d'appréciation positive des résultats de la politique de réconciliation nationale, cette décision était déjà connue et suffisamment éclairée par toutes sortes de lectures. Ce qui, en revanche, a constitué la matière de l'inédit, surpris et satisfait par son ampleur et ouvert de nouvelles perspectives autant pour de larges pans de la population que pour les opérateurs économiques, ce sont les nombreuses mesures, dispositions, mécanismes et autres décisions portant accessibilité de fonds et de nouveaux avantages. Nul doute que le dernier Conseil des ministres fera date. Les mesures ainsi prises en Conseil des ministres ont certes un caractère inédit par leur ampleur, mais elles ne viennent pas ex-nihilo. Elles découlent en fait de l'arsenal de mesures et de la batterie de dispositions qui ont déjà été conçues dans le cadre de la politique de développement économique et social, celle qui a prévalu durant le quinquennat écoulé et celle dont les contours ont été tracés pour le présent quinquennat. Il s'agit, de façon générale, d'une intensification formidable de l'existant, dans le sens où l'allocation budgétaire consentie initialement se trouve doublée, voire plus, et dans le sens également où des mesures d'appui s'intègrent à une disposition, à un mécanisme pour lui conférer plus d'accessibilité, plus d'efficacité et pourquoi pas plus de célérité dans l'exécution. LA JEUNESSE, LA CIBLE PRIMORDIALE La lutte contre le chômage, d'ailleurs évoquée dans le message du Président Bouteflika qui a accompagné le communiqué du Conseil des ministres, comme étant le point focal qui suscite toutes les attentions et qui mobilise largement autour de ces mesures, traduit tout l'intérêt et les enjeux attachés à l'emploi des jeunes et à leur insertion dans la vie économique et sociale. D'où des mesures d'ordre financier, fiscal, administratif et économique afin de donner un coup de fouet à une dynamique d'emploi déjà installée dans un processus évolutif qui a donné des résultats d'étape, mais dont on voudrait accélérer davantage le rythme pour être au diapason de l'urgence sociale dans laquelle le chômage place les jeunes Algériens. Qu'il soit question d'allégement des charges patronales pour le recrutement des jeunes demandeurs d'emploi, partout en Algérie, et jusqu'à des taux dépassant les 80 % dans les Hauts-Plateaux et le Sud, de l'amélioration des dispositions publiques d'aide à l'insertion des primo-demandeurs d'emploi, du développement du secteur agricole considéré dans sa qualité de gisement substantiel d'emplois ou encore de dispositifs de micro-crédits et d'insertion des diplômés pour développer le tissu des entreprises de services à l'agriculture et pour améliorer le conseil aux exploitations agricoles par des compétences dans ce domaine, toutes ces mesures, outre les dizaines d'autres qu'on ne peut citer exhaustivement dans cet espace, ont en vue la lutte contre le chômage sous toutes ses formes, quelles que soient les catégories de jeunes qu'il touche. Cette dynamique qui mobilise autant des ressorts multiples, devrait également déteindre sur la vie économique, sachant qu'elle porte création d'entreprises et une foison d'autres projets bénéfiques pour l'économie nationale. En effet, le micro-investissement, rendu autrement plus accessible, devrait valoriser davantage les dispositifs d'aide à la création d'activités d'emplois, de même qu'on attend les mêmes effets de la réduction de l'apport personnel des jeunes dans le cadre du financement de l'investissement de création d'activité ou de développement de celle-ci avec des conditionnalités très favorables. Il a été préconisé, par ailleurs, l'élargissement de la bonification des taux d'intérêts bancaires aux activités dans le bâtiment, travaux publics et l'hydraulique (BTPH) et l'industrie de transformation. Encore une fois, la liste est représentative, sans être exhaustive, qui pointe là l'engouement certain des jeunes pour de telles dispositions qu'on peut anticiper sans risque aucun de se tromper. LA CROISSANCE ECONOMIQUE EN POINT DE MIRE L'interdépendance qui existe entre l'emploi et la croissance économique est connue en économie de marché, le premier étant essentiellement tributaire de la vivacité de la seconde pour connaître, à son tour une meilleure fortune. Les mesures de portées sociales et économiques préconisées dans ce contexte ne perdent pas de vue cette réalité de vases communicants, même si l'Etat continue, prioritairement, de soutenir l'emploi en attendant que l'économie assume ce rôle. Cet enjeu est primordial, car il s'agit de créer les conditions économiques de création spontanée d'emploi que favoriserait alors une économie diversifiée qui crée aussi des richesses. Pour ce faire, le Conseil des ministres a préconisé de nombreuses mesures consistant à dynamiser l'investissement, à fluidifier l'environnement des affaires et l'accès aux crédits et à favoriser la création de petites et moyennes entreprises. Qu'il s'agisse d'exonérations fiscales-au demeurant, d'ores et déjà contenues dans le code des investissements-de la concession des terrains aux investisseurs dans des conditions très avantageuses, de l'allocation de dotations budgétaires aux collectivités locales pour le développement de zones d'activité (ZAC), de l'ouverture aux banques de lignes de crédit du Trésor à hauteur de 100 milliards de dinars en vue du financement de projets dits à maturité longue, etc. Toutes ces mesures et d'autres sont destinées à créer une dynamique d'investissements et de création d'entités économiques nouvelles, dont il est attendu notamment qu'elles favorisent à la fois la création d'emplois nouveaux, qu'elles créent de la valeur et de la croissance, et qu'elles dynamisent à des niveaux local et sectoriele la vie économique. C'est le cas, notamment, de l'agriculture ciblée par des mesures qui ont vocation à encourager l'établissement de passerelles entre le monde agricole et l'industrie agro-alimentaire. A l'évidence, une telle démarche semble avoir intégré tous les aspects de la vie sociale et de l'activité humaine comme des priorités, attribuant toutefois au volet social le caractère de l'urgence. Ce qui explique, outre la politique du logement qui se trouve au centre de l'action sociale, la politique de l'emploi des jeunes qui promet d'être certainement au cœur de toutes les stratégies à venir.