Des cinéphiles, il en reste encore, preuve en est, ils n'ont pas hésité à se rendre dans la soirée de samedi à la cinémathèque de Bejaïa, même s'ils n'ont pas réussi à remplir complètement la salle, pour assister à l'ouverture officielle des 14es rencontres cinématographiques qu'organise l'association Project'heurts. Au programme de cette soirée d'ouverture, deux courts métrages de fiction, le premier « 3 : 30 » du Libanais Hussen Ibraheem, et le second algérien « Kindil el bahr » de Damien Ounouri. Le film libanais, à proprement parler, se propose de raconter le dénouement dramatique d'une histoire inconnue du public. Les quatre personnages, dont un cadavre, que l'on devine loin d'être des enfants de chœur, vont, à travers un cheminement psychologique qui est la véritable trame du film, finalement s'entretuer. Qu'en retenir de cet exercice de style ? Rien, sinon qu'il surprend le public algérien, habitué aux sirupeux feuilletons du pays des Cèdres, alors que cette œuvre utilise un langage des plus crus, qui plus est dans la bouche d'une femme ! Cette intrusion du langage de rue semble se généraliser puisque les scénaristes de « Kindil el bahr » n'ont pas hésité, eux également, à agrémenter les dialogues de mots de chez nous bien crus, d'un bisou sur les lèvres et d'une longue scène aquatique très suggestive qui a certainement dû mettre mal à l'aise certain(e)s dans la salle. Mais aussi dans le film puisque Nfissa, personnage principal, est l'objet d'une agression par une bande de malotrus, parfois gardiens de la morale parfois violeurs, qui va la maltraiter pendant de longues minutes et finalement la noyer. Alors que l'on pensait le film arrivé à son apex, il prend à contrepied le spectateur en le plongeant dans une histoire de zombies marins. Pas très commun dans la filmographie nationale. Un caractère qui lui attire une générosité bienveillante du public durant les débats, en dépit des lacunes dans la menée de l'histoire et des difficultés inhérentes au tournage, normales dans le paysage local. Hier, le public a pu, outre suivre une rencontre-débat avec les réalisateurs, apprécier quatre autres films, à savoir « Samir dans la poussière » de Mohamed Ouzine (Algérie-France), « Les sirènes de Faso Fani » du Burkinabe Michel Zango, « A-430 » de Yacine Qnia (France) et « 600 euros » de Adnane Tragha (France). Pour la journée d'aujourd'hui, il est prévu la projection de « Foudre, une légende en quatre saisons » de Manuela Morgaine (France), « Jours tranquilles » de Latifa Saïd (France) et « Good Luck Algeria » de Farid bentoumi (France), ainsi qu'une table ronde ayant pour thème « l'altérité dans le cinéma, ici et ailleurs ».